Carte d’identité

Petits noms et étymologie : Le sapin ou sapin commun, élément de nos paysages depuis plusieurs millénaires, porte évidemment de nombreux noms. Les plus communs sont sapin blanc, Abies alba (Alba signifiant blanc) à cause de la couleur de son bois et du dessous de ses aiguilles ou sapin pectiné, Abies pectinata (synonyme latin) en lien avec la morphologie de ses rameaux. En effet, en botanique, pectiné signifie « disposées comme les dents d’un peigne ». Il peut également porter d’autres noms régionaux comme :

• Normandie : Sapin de Normandie ou Sapin de l’Aigle (Aigle étant la ville et non l’oiseau),
• Bretagne : Sapin de croix,
• Vosges : Sapin des Vosges, Sapin noir, Sapin à feuilles d’if,
• Savoie : Vuargne, Ouargne ou Warne,
• Provence, Languedoc et Auvergne :  Sap,
• Gascogne et Béarn : Avet ou Aveth.

Description : Originaires des régions tempérées de l’hémisphère nord, les sapins du genre Abies sont des conifères à aiguilles courtes, généralement de 2 à 4 cm. C’est la disposition des aiguilles, leurs couleurs selon les faces, la forme de la coupe transversale et la longueur du limbe qui permettent de différencier les espèces. Le Sapin blanc, seule espèce de sapin indigène en France, se reconnaît entre autres par la couleur de ses aiguilles qui persistent entre 6 et 8 ans sur le rameau. Le dessus est vert foncé, le dessous se caractérise par une nervure centrale verte séparant deux bandes blanches argentées. D’autres part, les aiguilles, terminant le rameau, sont toujours plus courtes.

Ces arbres élancés, à la silhouette conique, mesurent une fois adultes entre 30 et 60 m et peuvent vivre jusqu’à 500 ans. Ils perdent leurs branches basses ce qui met en valeur leurs écorces grises qui se fissurent avec le temps.

Sa floraison a lieu au printemps de fin avril à mi-juin. Elle est insignifiante sur l’arbre, mais vous la verrez tout autour de vous. Son pollen teintera votre vie et les paysages en jaune.

Les cônes assez grands poussent tout droits, un peu comme une bougie et atteignent 10-15 cm de longueur et 3-5 cm de largeur. Lorsqu’ils sont jeunes, ils sont de couleur brun verdâtre. En vieillissant, ils deviennent bruns rougeâtres, mais ne tombent pas. Ils perdent progressivement leurs écailles pour ne laisser qu’une tige, nommée chandelle. C’est pourquoi, vous ne trouverez pas ou peu de cône de sapin en vous promenant dans ces sous-bois. Les graines, quant à elles, brun foncé mesurant environ 1 cm, sont triangulaires et de grandes tailles.

Vous rencontrerez évidemment d’autres espèces de sapins, originaires d’autres pays, par exemple, le sapin argenté du Colorado Abies concolor, le très connu sapin de Nordmann Abies nordmanniana, le sapin de Grèce Abies cephalonica.

Type de sol et exposition :  En France, nous avons planté des sapinières (peuplement de sapins) quasiment sur tout le territoire métropolitain et la Corse. Bien qu’il s’adaptera à peu près à tous les terrains, il ne prospérera réellement qu’en terrain frais, non humide, au pH neutre, avec une préférence pour les textures argileuses, assez riches en nutriments, mais surtout sans salinité. Concernant le climat, il apprécie la lumière avec un certain seuil d’humidité dans l’air et des températures fraiches qui se rapprochent des climats continentaux. Bref, c’est sans surprise que vous le trouverez spontanément dans les régions montagneuses sur les ubacs (versant le moins ensoleillé d’une vallée, généralement exposé au Nord) de Corse, des Pyrénées, du Massif central, des Alpes, du Jura et des Vosges. Outre le fait que la sylviculture a facilité l’implantation de ce sapin dans le reste de la France, il existe dans les plaines Normandes, une population spontanée qui, selon les botanistes, serait un reliquat des dernières glaciations … De vrais survivants, mais pour combien de temps ?

Comment différencier un sapin, d’un épicéa ou d’un pin ? Pin, épicéa et sapin sont trois genres de conifères de la famille des Pinaceae. Ils se différencient principalement par la disposition de leurs aiguilles, la couleur et la forme de l’écorce et des cônes. Je vous propose d’utiliser une clé d’identification simplifiée réalisée par l’Office National des Forets, clé qui se trouve sur une sympathique application permettant aux promeneurs d’apprendre à reconnaître la faune et les arbres de la forêt française métropolitaine : Clés de forêt.

Soyez vigilant avec l’If, Taxus baccata, ce conifère non-résineux  dont toutes les parties de l’arbre sont toxiques, à l’exception de la partie du fruit rouge (l’arille).

Le sapin blanc et l’Homme

 Récolte

Parties utilisées : Bois, aiguilles, jeunes rameaux, graines, branches, cônes, résine.

Période de cueillette et conservation : Les jeunes rameaux à peine ouverts, verts clairs et bien tendres (certains disent bourgeons) se cueillent au printemps. Toutefois, pour une cueillette durable et bienveillante, j’ai un petit conseil à vous soumettre afin de préserver l’arbre et respecter ce que la nature nous offre. Je vous explique : Chaque année, le sapin pour grandir générera au bout de ces branches 2 à 3 nouveaux rameaux (2 latéraux et 1 central). Si vous êtes trop gourmand et que vous prélevez ses 3 jeunes pousses, ses branches ne grandiront plus. Une solution assez simple consiste à ne cueillir que les jeunes pousses latérales, ainsi vous laissez la possibilité à l’arbre de se développer et par la même occasion, de vous fournir une nouvelle cueillette l’année suivante…

La récolte des branches et des aiguilles peut se faire toute l’année, tout comme la résine. Concernant cette dernière, pour une consommation personnelle et dans la même optique de préserver l’arbre, il me semble préférable de récolter les résines déjà dures et non-collantes. Cette poix est pour le sapin un mécanisme de protection lui permettant de recouvrir ses plaies ou les endroits de chute naturelle des aiguilles, des cônes. Néanmoins, pendant de nombreux siècles, les arbres ont été gemmés pour récolter cet or liquide permettant de confectionner la fameuse Térébenthine des Vosges, de Strasbourg ou d’Alsace.

Le bois de chauffage se coupe idéalement lorsque les arbres sont en repos végétatif, avant le solstice d’hiver. La sève étant moins présente dans le bois, le développement de moisissures et de parasites sera limité et les qualités calorifiques améliorées.

Les pignes ou cônes sont récoltées par certains à partir du mois de juillet, dès qu’elles sont gorgées de sève et de résine pour la confection de sirop ou liqueur. Cette méthode artisanale nécessite de monter aux arbres pour les récolter et un temps de macération assez conséquent. Je préfère, quant à moi, laissez cette méthode aux professionnels, je ne me sens pas l’âme d’un écureuil.

Conservation : frais, déshydraté, sirop, liqueur, sucrerie.

Alimentation humaine

Parties utilisées : Jeunes rameaux

Utilisation : Cru ou cuit, salé ou sucré, haché, macéré ou infusé.

Si je vous dis sapin et confiserie, j’imagine que la majorité d’entre vous me répondrait les « bonbons Vosgiens« . Ces fameuses sucreries, destinées initialement à soulager les maux de gorge, sont en fait réalisées à base de sucre, de glucose et huile essentielle de sapin. Cette huile essentielle est fabriquée à partir d’une distillation d’aiguilles. Si vous souhaitez fabriquer vos propres bonbons, vous avez également la possibilité d’utiliser du miel de sapin.

Toutefois, l’utilisation en cuisine du sapin ne se réduit pas qu’à la confiserie, au contraire. Si vous aimez cette touche citronnée, rien ne vous empêche d’utiliser les jeunes rameaux pour accompagner les plats salés et sucrés. Surprenant, et pourtant un fromage frais de chèvre saupoudré d’aiguilles hachées finement est vraiment délicieux. Cette poudre peut également accompagner les poissons et plats de légumes. Il est possible de laisser infuser une branche dans du lait pour confectionner des crèmes ou glaces. Laissez votre imagination, vous guidez…

Je vous transmets une recette de gelée assez facile à réaliser.

Gelée de pousses de sapin

Pour commencer, il faudra mixer 300 g de jeunes pousses avec le jus de deux citrons. Mettre cette pâte dans 500 ml d’eau chaude et faire bouillir environ 15 minutes. Filtrer dans un linge. Mesurer le liquide restant et ajouter 700 g de sucre. Refaire bouillir pendant 10 minutes sans cesser de mélanger. Ajouter ½ bouteille de pectine liquide et laisser bouillir encore 1 minute. Une fois la consistance souhaitée, retirer immédiatement du feu, enlever l’écume et mettre en pot. Une autre technique consiste à faire macérer pendant 24 heures les jeunes rameaux dans l’eau, le jus de citron et le sucre, puis de le faire réduire.

Cette gelée est délicieuse pour accompagner du fromage et un bon morceau de pain frais.

Boisson

Parties utilisées : Jeunes rameaux, aiguilles.

Depuis de nombreux siècles, il est utilisé pour confectionner des sirops et tisanes, mais également pour aromatiser des alcools, comme la bière, le vin ou la liqueur.

Je vous propose une recette de sirop à l’ancienne, issue du livre Elixir et boissons retrouvés de Fabiani Gilbert « réalisé avec 2 pommes, 10 figues sèches, 30 grammes de jeunes rameaux, un citron et un peu de thym, 1 litre d’eau et 400 grammes de miel. Faites cuire à petit feu, pendant 1/2 heure dans l’eau les pommes coupées en morceaux le citron coupé en tranches, les figues, les bourgeons de sapin et le thym, puis filtrer et ajouter le miel. Bien mélanger à chaud et laisser refroidir avant de mettre en bouteilles pour une conservation au frais.

Pour les plus grands, voici une recette de vin de bourgeons très simple à réaliser : Faire macérer 60 grammes de rameaux dans 1 litre de vin blanc pendant environ une semaine. Filtrer et ajouter le sucre à votre convenance, mélanger et conserver au frais. En digestif, un régal !

Vous pouvez confectionner un apéritif un peu plus travaillé en faisant macérer pendant une bonne semaine, 40 g d’écorce d’orange amer, 100 g de jeunes rameaux et 1 litre de vin blanc muscadé. Après filtration, il est temps de goûter et d’ajouter du sucre en fonction de vos goûts. Mettre en bouteilles, placer au réfrigérateur et déguster très frais, voir glacé.

Petit + Comme je vous en faisais part, un peu plus haut, vous pouvez faire infuser des aiguilles dans du lait pour aromatiser les crèmes dessert ou glaces, il en va de même pour votre thé, chaï, limonade ou chocolat chaud.

Phytothérapie

Hildegarde de Bingen, née en 1098, nonne au génie exceptionnel, docteure, botaniste, musicienne, femme de pouvoir et visionnaire, l’utilisait déjà pour traiter les infections respiratoires. Mais bien avant cela, les Amérindiens employaient la résine des aiguilles contre les plaies et les brûlures. Les aiguilles sont aujourd’hui transformées en huile essentielle antiseptique générale ou respiratoire, employée en diffusion ou en inhalation. Ses vertus tonifiantes et stimulantes aident à lutter contre la fatigue, la bronchite, et même les rhumatismes.

Parties utilisées : Essentiellement les aiguilles, résine et bourgeons.

Usage interne et externe : Macérât glycériné, teinture mère, huile essentielle, tisane, inhalation, massage.

Riche en : Acides gras, huiles essentielles, térébenthine, provitamine A, flavonoïdes, antioxydants.

Propriétés : Antiscorbutique, antiseptique, antispasmodique, diurétique, expectorant, révulsif, sudorifique.

Soigne : Bronchite, cystite, engelure, insomnie, infections respiratoires, rhumes, sudation, ulcère, varice.

Vous trouverez ci-dessous une série de recettes :

Pour lutter contre les insomnies, les troubles nerveux ou comme diurétique, prenez 3 à 4 tasses par jour d’une décoction de bourgeons confectionnée à partir de 30 grammes de bourgeons de sapin que vous ferez macérer pendant 2 heures dans un litre d’eau froide, puis faire infuser 5 à 10 minutes.

Contre les infections respiratoires, vous pouvez fabriquer assez facilement un sirop de pousses. Verser 1 litre d’eau bouillante sur 2 poignées de jeunes pousses et laisser infuser toute la nuit. Après filtration, ajouter 1 kg de sucre et faire mijoter à petit feu pendant 30 minutes. Une fois la consistance souhaitée, mettre en bouteilles et conserver au frais.

Pour lutter contre les rhumes ou les bronchites, vous pouvez inhaler plusieurs fois par jour, la tête sous une serviette, les vapeurs d’une poignée à quantité égale de feuilles d’eucalyptus, de thym, d’hysope, de sauge et de bourgeons de sapin infusée dans un 1/2 litre d’eau bouillante.

Contre les bronchites, une infusion filtrée et sucrée au miel, réalisée à partir de 80 g de bourgeons pour 1 litre d’eau bouillante pendant 10 minutes est utilisée depuis plusieurs siècles.

Contre les engelures: frictionner vos mains ou réaliser un bain avec une décoction filtrée de 50 g de bourgeons pour un litre d’eau, bouillie pendant 10 minutes.

Tisanes pectorales (affections des voies respiratoires, toux, bronchite, pleurésie, pneumonie) : Boire 3 à 4 tasses par jour d’une tisane infusée pendant 10 minutes comprenant une cuillère à soupe d’un mélange de 25 g de fleurs de coquelicot, 25 g d’eucalyptus, 25 g de fleurs de genêt, 25 g de fleurs de guimauve, 50 g d’hysope, 25 g de lierre terrestre, 25 g de mélisse, 25 g de bourgeons de sapin, 50 g de feuilles de scolopendre, 25 g de serpolet ou thym.

Pour lutter contre les pieds humides et malodorants, faites un bain d’un quart d’heure dans une décoction d’1 kg d’aiguilles bouilli dans 2 litres d’eau.

Pour soulager les varices, appliquer généreusement sur vos jambes, chaque soir, une décoction d’1 kg d’aiguilles dans un 1 litre d’eau pendant chauffée pendant 10 minutes. Exprimer et conserver l’excèdent au frais pour les jours suivants.

L’ensemble des informations indiquées ci-dessus sont issues de recherches bibliographiques et/ou de pratiques personnelles. Elles ne peuvent en aucun cas remplacer un avis médical. L’usage de plantes n’étant pas anodin, il est conseillé de consulter votre pharmacien ou praticien avant leurs utilisations.

Contre-indications et effets indésirables

L’huile essentielle (HE) de Sapin Blanc doit être uniquement utilisée par les adultes, hors femmes enceintes ou allaitantes. Toutefois, certains sites vendeurs d’HE préconisent de ne pas l’utiliser chez les enfants de moins de 6 ans.

En voie externe, il est également préconisé de la diluer à 5 ou 10% dans une huile végétale, au risque de créer des irritations de peau.

Certains l’utilisent par voie orale, d’autres l’interdisent. Dans le doute, je préfère l’utiliser en diffusion/inhalation. Les discours sont tellement différents d’une lecture à l’autre que je vous conseille d’en discuter avec votre pharmacien pour vous assurer que cette huile essentielle corresponde bien à vos attentes et ne vous mette pas en danger.

La gomme de sapin engendrerait chez certains quelques soucis d’éructation ou d’irritation de la peau et des voies respiratoires. Enfin, si vous utilisez une dose élevée de gomme de pin (ce qui n’est pas conseillé), votre urine peut avoir une odeur marquée d’acétone.

Lorsque les sapins font l’amour, des quantités impressionnantes de pollen peuvent circuler dans l’air, engendrant parfois des nuages jaunes caractéristiques. Ces pollens lourds sont normalement peu allergisants, toutefois certaines personnes peuvent se sentir gênées en respirant ces nuages de soufre.

Enfin, de plus en plus de personnes révèlent avoir des crises allergiques saisonnières en période de fêtes de fin d’année. Des études montreraient que ces éternuements, nez qui coule, yeux irrités, toux et j’en passe, seraient liées au fameux sapin de Noël. En effet, ces chers arbres avant d’arriver chez vous, vivaient tranquillement à l’extérieur avec leurs cortèges de vie, dont des champignons. En l’installant dans votre maison, vous importez également ses petits compagnons qui généreusement, libèrent à leurs tours dans votre intérieur, un nombre important de spores de moisissures pour certaines allergisantes. Le nombre de spores au mètre cube serait passé de 800 le premier jour à 5 000 au 14^e jour dans certaines maisons. Pour lutter contre cela, il est important d’aérer plus régulièrement et longtemps votre pièce et de vous séparer de votre arbre au bout d’une semaine.

Cosmétiques et parfums

De plus en plus d’entreprises de cosmétiques vantent les propriétés anti-âge, hydratantes et apaisantes de l’huile obtenue de ses graines. Elles l’utilisent pour confectionner des produits dits rajeunissants en luttant tout particulièrement contre les taches de vieillesse.

Sel de bain décongestionnant pour un bain apaisant

Vous pouvez confectionner votre propre sel de bain, en récoltant l’équivalent d’une poignée d’aiguilles que vous hacherez finement au mixeur avec l’équivalent de 250 g de sel de la mer morte. Une fois le mélange devenu vert, ajoutez-y 1 cuillère à soupe d’huile d’olive et 1 cuillère à café de lécithine de tournesol. Une fois le mélange préparé, faites couler un bain chaud. À la dernière minute, ajoutez le sel. C’est le moment de savourer votre moment de bien-être de laisser les plantes agir sur votre corps en vous apaisant et éventuellement en vous décongestionnant.

Photo de Radio Tonreg

Alimentation et soins des animaux 

Mouton, chèvre : Lorsque la période de Noël s’achève, les chèvres ont à leurs tours leurs petits cadeaux. Elles se régaleront des bourgeons et aiguilles et se frotteront inlassablement la base de leurs cornes contre les branches rigides. Réservez-leurs votre sapin naturel non floqué.

Rongeurs : Le bois de sapin blanc, d’ailleurs comme tous les résineux peut être toxique pour votre rongeur. À moins qu’il n’y ait aucune trace de résine, éviter de leur en donner.

Compagnes

Ils ne sont pas à proprement parler des compagnes. Par contre, il est important de souligner que leurs systèmes racinaires ralentissent l’érosion du sol et limitent les glissements de terrain. D’autre part, ils sont très résistants aux rafales de vent, ils font donc office de barrière naturelle pour les autres espèces végétales et animales.

Mellifères

Parties utilisées : Miellat

Vous avez peut-être entendu parlé ou goûté au doux miel de sapin avec ses arômes boisés, sa couleur presque noire. Lorsque vous pensez « miel », vous imaginez des abeilles butinant de fleurs en fleurs à la recherche du précieux nectar. Mais le sapin ne produit pas de fleurs nectarifères, donc quel est le secret de fabrication ? Le miellat, substance visqueuse, collante, épaisse, sécrété par les insectes piqueurs-suceurs qui se nourrissent directement de sève, comme les pucerons ou les cochenilles. Après la digestion, ils rejettent cette substance sucrée sur les branches et les aiguilles, concentrée de sucre naturel et d’acides aminés. C’est là que les abeilles interviennent, elles récoltent ce liquide et le ramènent à la ruche pour le plus grand plaisir de la colonie et de vos papilles.

La production de miellée étant fluctuante selon les années, ce miel de sapin est relativement cher. Mais croyez-moi, il en vaut le coup !

Ornementales 

Du fait de l’aspect décoratif de ses aiguilles et ses cônes, il est souvent planté en sujet isolé dans les jardins. Néanmoins, vous pouvez également en installer plusieurs afin de créer une barrière protectrice contre les intempéries, notamment comme brise-vent ou accompagnés de mélèze, bouleau et érable.

Vous pouvez également pailler de ses aiguilles, les hortensias, azalées, rhododendrons et toutes les plantes dites de bruyère, car elles aideront à acidifier votre sol et limiteront l’évaporation.

Textiles 

Petit + Le sapin ne permet pas de confectionner des fibres textiles. Mais avouons-le, sa résine a la fâcheuse tendance à les abîmer. Je vous transmets quelques astuces pour éliminer ces tâches.

Commençons par les tissus, il faut appliquer rapidement une feuille de type Essuie-tout sur le tissu taché par une résine fraîche, puis appuyer votre fer à repasser chaud sur le papier absorbant et soulever délicatement. La résine devrait se coller sur le papier. S’il reste tout de même quelques résidus appliquer de l’alcool à brûler sur les tissus synthétiques et pour les autres de l’essence de térébenthine. Allez hop, envoyez le tout immédiatement à la machine à laver.

Pour lutter contre la résine séchée, humidifiez un chiffon microfibre avec de l’alcool modifié, du dissolvant pour vernis à ongles ou du white-spirit, en fonction de votre tissu et appliquez uniquement sur la tâche. Ni une, ni deux, mettez tout de suite en machine.

Reste enfin une astuce pour les toits de voiture, les tables et salons de jardin, etc… Pour décoller ces traces collantes, vous avez le choix entre différents produits comme l’alcool ménager (pour le bois), le white spirit, l’essence de térébenthine (pour les surfaces lisses) ou un corps gras tel des huiles de table. Après avoir briqué les surfaces jusqu’à ce que les surfaces soient lisses, il vous faut finaliser l’effort en lavant au savon ou à grandes eaux pour supprimer le reste des produits.

Excepté pour l’huile de table, sachez que ces produits ne doivent pas être rejetés dans l’environnement et qu’il est préférable de porter des gants de protection/un équipement de protection des yeux.

Artisanat

Parties utilisées : Bois et résine

Le bois permet aux ébénistes, menuisiers et charpentiers de réaliser de nombreuses pièces comme des charpentes, des poteaux, du matériel de constructions intérieurs et extérieurs et des meubles. L’industrie du papier l’utilise également pour la fabrication de sa matière première, la pâte à papier.

Le sapin permet de tailler des tavaillons, tavillons, bardeau de bois servant de revêtement sur les toitures et les façades. Considérés comme durables et résistants aux intempéries, ils sont utilisés depuis de nombreuses générations pour la construction des chalets, par exemple dans les Vosges.

Les artistes adeptes de la peinture à l’huile peuvent utiliser de l’essence de térébenthine comme solvant. Elle permet également de diluer les cires, les encaustiques, les pâtes à bois, les peintures et vernis l’huile. Elle est reconnue pour détacher les peintures fraîches, la graisse, le goudron, les traces d’alcool, le moisi sur le bois et le cuir. Enfin, il permet l’entretien et le lustrage les sols cirés ou huilés.

Combustibles et carburant

Parties utilisées : Bois et résine

Du fait de sa faible densité, ce bois de chauffage dits « légers » permet d’allumer facilement votre feu. Mais à la différence des bois dits « lourds » vous en rajouterez beaucoup plus régulièrement, car ils se consument rapidement avec un pouvoir calorifique inférieur à d’autres essences. Tout dépend de ce que vous attendez de votre foyer, source principale de chaleur ou agrément ? Certains conseillent de l’utiliser essentiellement pour le démarrage en guise d’allume-feu, car il a tendance à encrasser les conduits de cheminée et à projeter des éléments incandescentes. Toutefois, sous certaines conditions, si tel est votre souhait, rien ne vous empêche de l’utiliser. S’il est bien sec, que vous utilisez un foyer fermé avec un conduit lisse d’échappement des fumées et que vous ramonez plus souvent, il vous rendra bien des services.

Attention tout de même à sa montée rapide en température qui peut provoquer des déformations de vos appareils de chauffage ou des conduits. Prudence tout de même.

Aucun risque avec les granulés de bois ou pellets, de plus en plus populaires en France, qui sont composés de sciure séchée, broyée et compressée. La majorité de la fabrication de ces granulés est issue d’essences de résineux, dont le sapin blanc, parce qu’elles donnent une flamme rapide et intense.

Enfin, si vous aviez à recycler votre sapin de Noël, une fois sec, il vous allumera en un clin d’œil votre barbecue l’été suivant. Pourquoi s’en priver ?

Petit + Saviez-vous que l’essence de térébenthine a été utilisée comme carburant pour le lancement de fusée qui a permis de mettre sur orbite le premier satellite français, Astérix ?

Croyances et coutumes

Éternellement vert, les Celtes le considéraient comme un symbole de la vie, de la pérennité et d’éternité. Il servait donc de décoration pour Yule, les fêtes du solstice d’hiver. Cette célébration païenne met à l’honneur Odin afin qu’il aide son peuple à vivre dans l’abondance, la santé et la paix au cours de l’année suivante. Le solstice d’hiver, étant la nuit la plus longue de l’année, symboliquement, il était/est perçu comme la renaissance lumineuse du soleil, par conséquent le renouveau de la nature, l’espoir de la protection et la victoire de la vie sur la mort. Que de promesse en cette célébration ! Les décorations étaient fabriquées avec les feuilles d’arbres persistants comme le houx et le sapin, des rubans de couleurs, des pommes, symbole de vie et d’immortalité et du blé, symbole de fertilité et d’abondance. A mesure que le christianisme s’étendit sur l’Europe, les coutumes païennes se sont effacées au profit de Noël, mais certains éléments décoratifs ont persisté, le sapin de Noël en est un exemple.

Cette idée du renouveau et de protection était très ancrée dans de nombreuses cultures. Dans les îles Orkney en Écosse, afin de protéger la mère et le nouveau-né, on allumait une torche de sapin en tournant trois fois autour du lit. En Allemagne, lors du mardi gras, les femmes désirant un enfant étaient flagellées avec des rameaux de sapin.

En Savoie, le sapin arrêterait le mauvais œil, détournerait les sorts et empêcherait la foudre.

En Picardie, lorsqu’une branche de sapin était posée devant la maison d’une jeune fille, on considérait qu’on pouvait lui faire honneur. Alors que dans l’Yonne et dans les environs de Péronne, elle était réservée à celle dont la conduite laisse à désirer. En Wallonie prussienne, cela signifiait que la jeune demoiselle avait une mauvaise langue.

Culture 

Plantation et Multiplication

Pique-assiette : Bien que ce soit un arbre solide, il reste sensible au champignon l’armillaire des résineux et quelques parasites comme l’hylobe, le pissode du sapin, les scolytes, les cochenilles et pucerons.

Vous avez plusieurs possibilités pour installer un sapin chez vous : une plantation issue d’un plant de pépinière, le semis ou le bouturage.

Plantation

Vous pouvez planter les sapins en pot toute l’année, hors période de gel et sécheresse. Tout d’abord, il faut savoir que le sapin n’apprécie pas d’avoir les racines nues et d’autant plus au soleil. C’est pourquoi, il est impératif de le planter en motte. Voici les étapes à suivre pour l’aider à s’implanter :

• Commencer par préparer vos trous de plantations au début de l’automne ou au début de printemps pour l’accueillir.
• Après un bassinage, installez-le en respectant la profondeur du pot. Ne pas recouvrir le collet.
• Tasser le sol et recouvrir d’écorce de conifères sur un cercle d’au moins 1 mètre.
• Arrosez généreusement la première année, c’est-à-dire entre 5 et 15 litres d’eau, au moins une fois par mois. Lorsque la sécheresse sévit, pensez à l’arroser deux fois par mois abondamment et de le vaporiser une fois par semaine, car il n’apprécie pas l’air sec.

Semis

Il est possible de récupérer les graines pour réaliser un semis. Pour se faire, en automne, il faut récupérer quelques cônes et récupérer les graines. Placez-les immédiatement dans une boite hermétique au réfrigérateur pendant au minimum 2 mois. Cette technique que l’on appelle la stratification permet d’imiter la nature et ainsi de lever la dormance des graines en imitant la nature. En effet, certaines plantes ont absolument besoin d’une période de froid pour germer, le sapin blanc en fait parti. Au printemps, il est temps de les sortir de leur boite et de les tremper dans l’eau tiède pendant environ 24 heures. La technique du thermos est assez efficace. N’attendez plus pour les semer dans une pièce chauffée dans un mélange de terreau et de sable à maintenir constamment humide. Une fois, les jeunes plantules levées, placez les godets à l’extérieur à la mi-ombre pendant un an. Les jeunes plants qui auront résisté seront en pleine terre le printemps suivant.

Vous pouvez également les semer directement en automne, mais les graines risquent de se faire grignoter durant l’hiver.

Cette technique ne permet pas d’obtenir un taux de réussite important, environ 25% des boutures prennent racine.

Vous avez le choix entre le bouturage de tige semi-aoutée en juillet/aout ou de tige lignifiée en septembre. Voici comment procéder :

Bouture semi-lignifiée en juillet/aout

La technique est simple. Prenez un sécateur et prélevez les extrémités de tiges d’environ 15 cm de longueur sur des pousses latérales. Supprimez les aiguilles sur les 2/3 de la tige, trempez dans de l’hormone de bouturage et planter dans des godets remplis d’un mélange bien tassé de tourbe, sable et terreau. Bien humidifiez le mélange.

Bouture lignifiée en septembre

Taille

Il n’a pas besoin d’être taillé. Toutefois, il sera peut-être nécessaire de supprimer en mai, les extrémités ayant gelé ou le reste de l’année les branches malades ou sèches.

Conseils 

 Les jeunes pousses sont sensibles aux gelées tardives. Pensez à pailler abondamment les premières années.

Un apport d’engrais spécial conifère est possible la seconde année de la plantation.

N’oubliez pas de l’arroser au moins une à deux fois par mois de la fin de printemps à la fin de l’automne, durant ses premières années de vie.