Carte d’identité

Petits noms et étymologie : Comme la majorité des plantes, la raffinée Reine des prés porte plusieurs noms vernaculaires, en fonction de sa morphologie (Ulmaire, Spirée ulmaire, Spirée filipendule, Fausse spirée, Barbe-de-chêne, Barbe de bouc, Vignette ou Ormière), sa générosité envers les abeilles (Fleur des abeilles, Herbe aux abeilles) ou son lieu de vie, les prés humides abandonnées (Belle des prés, Reine des prés).

Ses noms scientifiques Filipendula ulmaria ou Spirea ulmaria font également références à sa morphologie. En effet, Filipendula signifie en latin « fil pendant« , ce qui correspond à la forme de ses racines et ulmaria fait référence aux folioles des feuilles ressemblant à celle de l’Orme, arbre du genre Ulmus.

Mais pourquoi l’appelle-t-on également spirée ? Pour le savoir, il faut attendre qu’elle vous offre ses fruits en forme de spirale couronnée.

Type de plante : On rencontre cette vivace d’un mètre et plus aux feuilles caduques jusqu’à 1800 m d’altitude partout en Europe et en France. Toutefois, elle se raréfie en région méditerranéenne et est inexistante en Corse.

Type de sol et exposition : Elle chérie les terres humides, c’est pourquoi, vous la rencontrerez, près des rivières, ruisseaux, fossés, mais surtout dans les prairies humides, les mégaphorbiaies (végétations vivaces luxuriantes, denses et hautes de 1-1,5 m présentes sur sol humide), les lisières d’aulnaies (peuplement d’aulnes). Elle aime donc les atmosphères humides et bien qu’elle puisse se développer à l’ombre, sa croissance et floraison seront davantage spectaculaires lorsqu’elle accède à la lumière.

Astuce pour la reconnaître et confusions possibles : Ce sont ses fleurs très parfumées aux effluves divines de miel et amande, qui vous permettront de la reconnaitre facilement. Sa tige rougeâtre, glabre et anguleuse associée aux feuilles vertes sombres, glabres au-dessus, feutrée de blanc en dessous, permet également en un coup d’œil de la repérer parmi les autres herbes des milieux humides. Vous pourriez éventuellement la confondre avec Filipendula hexapetala ou filipendule à 6 pétales. Toutefois, les feuilles de cette dernière sont très découpées, un peu comme une fougère et ses fleurs ont 6 pétales au lieu de 5 pour la reine des prés.

La reine des prés et l’Homme

 Récolte

Les feuilles se récoltent en avril-mai avant la floraison, les fleurs de juin à aout un peu avant leurs épanouissements et les racines de mars à avril.

Conservation : Les feuilles, fleurs et racines se sèchent assez facilement en bouquet suspendu dans un endroit sec et aéré. Une fois sec, vous pouvez le conserver dans un bocal hermétique à l’abri de la lumière ou dans un sac en papier. Certains auteurs préconisent de ne pas la conserver plus d’un an.

Il est également possible de conserver toutes les parties de la plante au congélateur. Pourquoi s’en priver?

Alimentation 

Parties utilisées : Fleurs principalement. Feuilles en complément.

Utilisation : Les fleurs sont majoritairement utilisées pour aromatiser les crèmes, glaces, desserts, gelées et confitures. En effet, elle apporte à vos préparations des saveurs délicates de miel, d’amande amère tirant un peu sur la vanille. J’aime particulièrement ajouter ses fleurs dans mes recettes de compote. C’est un délice! Reste encore à essayer les fleurs en beignet et le miel infusé.

Astuce : Je vous encourage à avoir la main légère car elle est très aromatisante : on compte en général, 3-5 brins fleuris pour 1 litre de lait.

Boisson

Son utilisation est connue depuis des temps reculés. D’ailleurs, elle était utilisée pour aromatiser l’hydromel, tout comme les jus, limonades, sirops, vins, bières et vinaigres.

Limonade

Pour commencer, une petite promenade s’impose pour cueillir l’équivalent d’un bol de fleurs de reine des prés. De retour à la maison, faites la chasse aux insectes ayant élus domicile dans votre récolte. Laver et sécher un récipient à large goulot fermant hermétiquement, puis y ajouter le jus d’un citron, 3 cuillères à soupe de miel, les fleurs et un litre d’eau de source de préférence. Il est temps d’attendre que la magie opère, en plaçant le récipient en plein soleil une demi-journée. Il ne reste plus qu’à filtrer et à placer au réfrigérateur. Un régal!!!

Vin sucrée

Faites bouillir 1 litre de vin blanc et verser immédiatement sur 50 grammes de sommités fleuries. Attendre 1/4 d’heure, puis filtrer. Ajouter du sucre en fonction de votre gout, puis mettre en bouteille. Conserver-la au frais pendant quelques jours avant dégustation. Vous obtiendrez ainsi un apéritif agréablement parfumé et moelleux.

Bière parfumée

Si les bières fleuries vous tentent, vous pouvez en toute simplicité vous amusez en incorporant dans un bouteille de bière à bouchon mécanique une poignée de quelques fleurs. Après une bonne nuit de sommeil, vous obtiendrez une bière au parfum original.

Liqueur 

Une dernière recette pour les mordus de digestif. Faire macérer pendant 2 jours, 1 poignée de fleurs dans 1 litre d’eau de vie ou d’alcool de fruit. Après filtration, ajouter-y un sirop réalisé à partir de 350 grammes de sucre, 2 verres d’eau et une pincée de cannelle. Mélanger, mettre en bouteille et conserver au frais pendant quelques mois avant dégustation.

Phytothérapie

Parties utilisées : Essentiellement les sommités fleuries et les feuilles. Rarement les rhizomes.

Usage interne et externe : Cataplasme, teinture mère, décoction, infusion, lotion, gargarisme, bain.

Constituants : Acide salicylique, calcium, fer, flavonoïdes, gaulthérine, glucosides, héliotropine, soufre, spiréine, tanins,  vanilline et vitamine C.

Propriétés :

• Des sommités fleuries sont antalgiques, anti-inflammatoires, antipyrétiques (véritable « aspirine végétale » grâce à ses composants, en particulier les salicylates), diurétiques, sudorifiques, astringentes, toniques, antispasmodiques, cicatrisantes, digestives.
• Les feuilles et les fleurs sont diurétiques, fébrifuges, antispasmodiques et antirhumatismales.
• Les racines et les feuilles sont astringentes, vulnéraires et détersives.

Soigne : Arthrite, dissolution des calculs urinaires, cellulite, diarrhée, état infectieux, gastrite, goutte, grippe, maux de tête, névralgie, obésité, œdème, refroidissement, rétention d’eau, rhumatisme.

Troubles digestifs ou d’affections fébriles (grippe) : Boire 2 ou 3 tasses par jour d’une infusion filtrée réalisée à partir de 15 cl d’eau très chaude (et non bouillante) sur 2 ou 3 cuillères à café de fleurs ou 4 à 5 cuillères à café de feuilles, le tout infusées pendant 10 minutes. 

Douleurs articulaires, courbatures et fièvre : Prendre 4 à 5 cuillères à soupe de sirop confectionnée en versant 50 cl d’eau très chaude sur 50 g de plante séchée. Après une macération d’environ 8 heures, filtrer et y faire fondre 500 grammes de sucre.

Diarrhée et gastrite : Boire 2 à 3 tasses par jour de la décoction suivante. Verser 60 cl d’eau froide sur 50 grammes de racines hachées. Faire chauffer lentement. A partir de l’ébullition, compter entre 10 et 15 minutes avant de filtrer.

Petit + Elle ne doit pas être préparée à une température supérieure à 90°C au risque de détruire ses principes actifs.

L’ensemble des informations indiquées ci-dessus est issu de recherches bibliographiques et/ou de pratiques personnelles. Elles ne peuvent en aucun cas remplacer un avis médical. L’usage de plantes n’étant pas anodin, il est conseillé de consulter votre pharmacien ou praticien avant leurs utilisations.

Toxiques : Contre-indications

La consommation de reine des prés est déconseillée :

• aux femmes enceintes et allaitantes,
• aux personnes qui ne supportent pas l’aspirine (dérivés salicylés) ou aux personnes qui doivent éviter l’aspirine suite à une autre prise de médicaments,
• aux personnes souffrant de néphrite,
• aux enfants fiévreux, s’il prennent des traitements à base de salicylates,
• aux personnes sous traitement anticoagulant.

En effet, si elle est associée au paracétamol, elle peut engendrer un mauvais fonctionnement des reins.

Enfin, la reine des prés peut engendrer des effets secondaires comme la diminution de la perméabilité vasculaire, des éruptions cutanées, stimulation du tonus utérin ou intestinal, ou causer des saignements gastro-intestinaux, des nausées ou des vomissements. Certains de ces composés peuvent acidifier l’urine causant des irritations rénales ou provoquer des bourdonnements.

Cosmétiques et parfums

Parties utilisées : Feuilles et sommités fleuries

Usage : Elle est astringente, tonique et anti-inflammatoire, elle apaise par conséquent les peaux sensibles. En usage externe, elle s’utilise en infusion ou en macérât, directement sur le corps ou en l’incorporant dans un bain, des crèmes, des gels ou des lotions. Vous trouverez également dans le commerce en guise de parfum, des eaux rafraichissantes aux extraits de reine des prés.

Infusion pour les peaux sensibles, matures

Faire bouillir 200 mL d’eau et verser sur 2g de plante séchée ou une poignée de plante fraiche. Laisser infuser environ 15 minutes. Filtrer et laisser refroidir. Appliquer avec un tissu doux.

Petit + Ne tardez pas à utiliser votre préparation ou vous risquez de la perdre rapidement.

Cataplasme contre la couperose

Appliquer un cataplasme de feuilles fraiches froissées de reine des prés, associées à des feuilles de fraisier et de fleurs de guimauve.

Alimentation et soins des animaux 

Parties utilisées : Parties aériennes

Cheval et âne : Elle soulage les douleurs articulaires légères et les fourbures des équins grâce à ses propriétés antalgiques et anti-inflammatoire qui stimule la circulation sanguine. Hors jument gestante, vous pouvez apporter dans la ration quotidienne (base pour un cheval adulte de 500 kg) 20 grammes de plante séchée pendant 3 semaines. Dans la mesure du possible, il est préférable de donner cette dose journalière en deux prises.

Chien : Contre l’eczéma : Donner une infusion de reine des prés ou d’ortie, 50 g de feuilles pour 1 litre à raison de 2 cuillères à soupe, 2 fois par jour.

Chien et chat : Il existe également des compléments alimentaires en gélule et comprimés (associé avec du cassis ou non) utilisés pour réduire la gêne articulaire et apaise les articulations sensibles chez le chien ou le chat âgé.

Mellifères

Elle fait le bonheur des abeilles qu’elle attire grâce à son parfum. D’ailleurs, elle ne porte pas les doux noms de fleurs des abeilles et herbes aux abeilles pour rien. Elle apporte une source abondante de nectar et pollen de bonne qualité de juin à septembre pour nos petites butineuses.

Ornementales 

Pour ceux qui possèdent des terrains marécageux ou très frais, riches en matières organiques, il est tout à fait envisageable de planter cette belle vivace chez vous. Une fois installée, elle se développera assez facilement pour vous apporter une belle floraison vaporeuse durant tout l’été. Pour ceux qui le souhaitent, il existe également des variétés horticoles aux fleurs doubles ou au feuillage décoratif panaché ou vert-jaune.

Elle est également idéale pour orner les bords des bassins ou mares, en compagnie d’autres plantes de zone humide comme l’astilbe ou l’iris.

Tinctoriales 

Elle a été utilisée pendant de nombreux siècles pour teindre la laine et autres étoffes en jaune acide en ajoutant de l’alun comme mordant. Les racines, quant à elles, fournissaient une teinture noire.

Filtration et épuration

Ses propriétés assainissantes font de la reine des prés, une bonne plante de phytoépuration. Elle est fréquemment utilisée dans les systèmes de bacs plantés pour filtrer les étendues d’eau.

Croyances et coutumes

La reine des prés est considérée comme une plante vénusiennes (tout comme le cresson des fontaines, la pâquerette, le plantain, la verveine ou la mélisse), c’est à dire qu’elle offrirait de nombreux pouvoir en sorcellerie autour de l’amour, la fidélité, l’amitié, la beauté, la paix, le bonheur et l’harmonie. C’est pourquoi, fraîche, elle était placée sur les autels pour les rituels d’amour. Séchées, elle servait (et sert toujours) à confectionner des philtres d’amour. Fut un temps, cette belle fleur était utilisée par les druides et aurait été l’une des trois plantes les plus convoitées pour les rituels avec la menthe aquatique et la verveine officinale.

Il paraitrait que si l’on vous a dérobé quelque chose, il faut placer quelques fleurs à la surface de l’eau; si elle coule, alors le voleur est un homme et en toute logique, si elle flotte, vous avez à faire à une voleuse.

Autrefois, elle était considérée comme un porte-bonheur. D’ailleurs, des petits bouquets étaient offerts aux jeunes mariés et on en parsemait les abords des maisons pour conserver la paix dans le foyer.

Enfin, dans les croyances Celtes, l’homme serait issu de 9 fruits, l’Homme-fruit et la femme aurait été créée à partir de 9 fleurs, la Femme-fleur, dont la reine des prés fait partie.

Culture 

Plantation et Multiplication

Variétés : Il existe quelques variétés horticoles comme le Filipendula ulmaria Aurea aux feuilles dorées, F. ulmaria Plena aux délicates fleurs doubles et F. ulmaria Variegata au feuillage panaché. A la différence de l’espèce d’origine qui se ressème spontanément, il est préférable de diviser les touffes pour les variétés ornementales.

Graines/gr : 1600   Durée germinative : 3 ans

Tps de levée : 3 mois  Prof. semis : 10 mm

Espacement sur la ligne : 30-50 cm

Pique-assiette : C’est une plante assez rustique qui ne rencontre pas trop de prédateurs. Elle serait toutefois sensible à certaines champignons et la gale.

Plantation

Parfois, vous trouverez quelques exemplaires de cette belle vivace dans le rayon bassin et plan d’eau des jardineries. Il est possible de la planter en pied unique ou en groupe de trois. Comme elle s’adapte à presque toute qualité de sol, pourvu qu’il soit humide, pourquoi s’en priver? Néanmoins, afin de faciliter son implantation, je vous préconise d’améliorer le sol en y ajoutant 10 cm de tourbe ou compost et de laisser un espace suffisant entre les plants pour qu’ils puissent s’épanouir, entre 30 et 50 cm. Enfin, lors de la plantation, penser à laisser le collet hors de terre et d’ajouter quelques cm de paillis, tel que des écorces ou du bois

Semis

La forme sauvage se ressème facilement et les graines n’auront nullement besoin de vous pour germer. Une fois au sol, elles germeront en fin d’été et automne sur une terre humide, réchauffée à 20°C par le soleil. Toutefois, si vous le désirez, vous pouvez tenter le semis au printemps sous abri de manière à limiter la perte de chaleur.

Division

Les formes horticoles se multiplient par division en prélevant les rhizomes au printemps ou en automne. Cette technique fonctionne également pour l’espèce sauvage.

La méthode est assez simple. Il est conseillé de diviser des plantes qui ont déjà 3 ou 4 ans en creusant autour de la plante mère pour faire apparaitre les racines et rhizomes. A l’aide d’un couteau ou d’une bêche bien aiguisée, séparer la plante en prenant soin de sélectionner des rhizomes sains. Vous replanterez vos petits protégés directement en terre à la même profondeur en les espaçant de 40 à 50 cm.

Taille

En fin d’automne ou début de printemps, rabattre les touffes au sol ne semble pas superflu. Si vous remarquez que les touffes deviennent trop généreuses, alors vous pouvez trancher les rhizomes pour limiter son expansion.

Conseils 

Si vous souhaitez prolonger la floraison, couper les fleurs fanées au ras du feuillage.

 Apporter un peu de compost au pied des souches en début d’hiver.

 Un arrosage régulier ne lui fera pas de mal les deux premiers printemps et été, excepté si elle est plantée au bord d’une pièce d’eau. Vous pouvez limiter l’évaporation en apportant un paillage épais autour du pied.

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