Carte d’identité
Petits noms : Puisque cette plante fait partie de notre histoire depuis plusieurs millénaires, elle porte évidemment de nombreux noms comme barbe de capucin, cheveu de paysan, chicorée amère, commune, sauvage et intybe ou encore écoubette bleue, fausse gerbe, laideron, lacheta ou yeux de chat…
Étymologie : Cichorium et intybus signifie tous deux chicorée en grec.
Description :
Type de plante : La chicorée fait partie de la grande famille de la pâquerette, le souci, l’achillée millefeuille, le topinambour ou la grande absinthe : Les Astéracées. La racine brune oblongue et robuste ainsi que les graines de cette belle vivace résistent bien au froid, jusqu’à -15°C. La partie aérienne de 40 à 100 cm se désagrégera avec les premières gelées.
Type de sol et exposition : Assez commune dans les prairies, les friches et les bords de route, elle apprécie les sols fertiles, surtout bien drainés qui doivent être baignés de soleil toute la journée.
Confusions possibles : Il est possible de la confondre avec les espèces cultivées ou sa cousine bien plus petite, la chicorée naine Cichorium pumilum que l’on trouve essentiellement sur le pourtour méditerranéen. Les pétales de la Scorzonère pourprée Scorzonera purpurea a quelques points communs, mais la couleur mauve fera toute la différence.
La chicorée sauvage et l’Homme
Récolte
Parties utilisées et périodes de cueillette :
- Les racines : Automne au printemps pour la consommation et automne pour la médecine
- Les jeunes tiges : Avril à mai,
- Les feuilles : Avril à juillet pour la consommation et avril à septembre pour la médecine,
- Les boutons floraux et fleurs : Juillet à septembre.
Conservation :
Au printemps, les jeunes pousses et les feuilles se cueillent au fur et mesure des besoins en salade.
En été, les feuilles pourront être blanchies sous de la paille ou bouillies dans plusieurs eaux de cuisson pour limiter l’amertume. Les boutons floraux seront confits dans du vinaigre et les fleurs garniront les salades. Les racines, quant à elles, seront cuites rôties avec de la crème et/ou du beurre. Pour sécher les feuilles, il vous faudra cueillir le haut de la plante et disposer les feuilles sur un linge dans un endroit ventilé, protégé de la poussière et de la lumière. Elles seront sèches lorsqu’en les froissant, elles se transforment en poussière.
En automne et hiver, les racines seront soit récoltées au fur et à mesure de vos besoins, soit mises en cave dans du sable humide pour obtenir la salade barbe de capucin. Vous pouvez également sécher les racines après les avoir lavées et coupées en tronçons dans un endroit chaud, sec et aéré. Vous pourrez ensuite les torréfier, les réduire en poudre.
Comment savoir si vos racines sont assez sèches ? Elles auront une couleur brune claire à l’extérieur et seront jaunâtres à l’intérieur.
Alimentation humaine
Parties utilisées : Feuilles, racines, jeunes tiges et fleurs.
Utilisation : Cru ou cuit.
Astuce : En début de saison, lorsque les jeunes feuilles sont encore tendres, vous pouvez les cueillir au fur et à mesure de vos besoins pour confectionner une salade. Toutefois, en grandissant, un gout amer se développe également. Il sera alors nécessaire de blanchir les feuilles, par exemple sous la paille pour pouvoir en profiter. L’autre technique consiste à les cuire dans plusieurs eaux de cuisson successives et de les incorporer à d’autres légumes en fricassé avec une petite sauce blanche.
On obtient la salade barbe de capucin en forçant ses racines sous une couche de sable humide dans une cave ou une pièce sombre. Ses feuilles s’allongent, s’éclaircissent pour chercher la lumière et deviennent moins amères.
Boisson
La chicorée du commerce est une sous-espèce cultivée de la chicorée sauvage. La sélection humaine a permis d’obtenir des racines plus grosses pour un meilleur rendement. Néanmoins, il est possible de faire un succédané de café avec l’espèce sauvage, ce sera un tantinet plus long…
En automne, lorsque la terre sera gorgée d’eau, vous devrez vous armer d’une bêche et de patience. Tout d’abord, faites un cercle autour de la racine avec votre bêche, puis faites basculer doucement la racine d’avant en arrière pour libérer la terre colmatée. Enfin, tirez ! Vous obtenez une jolie racine qu’il faudra bien nettoyer, couper en petits morceaux et faire sécher à l’abri de la lumière directe, de la poussière. Son séchage est un peu long, parfois plusieurs semaines, c’est pourquoi, certaines personnes utilisent un déshydrateur ou un four pendant plusieurs heures à 45°C. Vous ne pourrez pas les utiliser ainsi, il faudra les torréfier dans une poêle, puis les réduire en poudre. Enfin, vous pourrez mettre à bouillir l’eau et y mettre 2 cuillères à café par tasse.
Phytothérapie
Cette plante était déjà utilisée en infusion, décoction ou sirop par les Egyptiens, 4000 ans avant J-C pour ses nombreuses vertus. Légèrement laxative, tonique et dépurative, elle nous a rendu de nombreux services.
Parties utilisées : Racines séchées essentiellement et feuilles.
Usage interne et externe : Infusion, décoction et sirop, teinture mère, plante séchée.
Riche en sels minéraux, glucides, lipides, protides, vitamines B, C, P, K, inulase.
Propriétés : Apéritive, cholagogue, cholérétique, dépurative, diurétique, fébrifuge, laxative, stomachique, tonique.
Soigne : Anémie, appétit, asthénie, constipation, cure de printemps, diabète, foie, ictère, peau, teint.
Modification rapide de la peau :Boire une infusion de chicorée sauvage, 20 g de racine séchée pour un litre d’eau bouillante, infuser 10 minutes
En cas de fatigue et de somnolence, certains auteurs conseillent de manger des salades dont vous ajouterez des feuilles de chicorée sauvage. D’ailleurs, ces salades sont tout aussi efficace pour lutter contre la constipation.
Pour une cure de printemps, boire 4 à 6 grandes tasses d’une infusion mélangée de bourrache, de chicorée sauvage, de fumeterre, de pissenlit, à raison de 20 g de chaque plante dans 1 litre d’eau bouillante, infuser 10 mn.
Vous souffrez de digestion lente, il faudra alors consommer une infusion de chicorée avant le repas à jeun, puis une tasse juste avant le déjeuner du midi.
Pour aider votre foie, plusieurs plantes sont vos alliées : l’asperge, l’aubergine, la betterave rouge, la carotte potagère, le cerfeuil, le chardon Marie, le chou, le cresson, le haricot vert, le pissenlit, le radis, le salsifis des prés et bien sûr notre belle chicorée.
Enfin, pour soulager les rhumatismes, l’arthrite et l’arthrose, certains d’entre vous l’utilisent en décoction avec du cassis, frêne, bouleau, reine-des-prés, alkékenge, saule, aubier de tilleul, bardane, chardon marie, en utilisant un mélange de 40 g par litre à boire tout au long de la journée.
L’ensemble des informations indiquées ci-dessus est issu de recherches bibliographiques et/ou de pratiques personnelles. Elles ne peuvent en aucun cas remplacer un avis médical. L’usage de plantes n’étant pas anodin, il est conseillé de consulter votre pharmacien ou praticien avant leurs utilisations.
Toxiques: Contre-indications
Comme toutes les plantes, les racines de chicorée ne doivent pas être consommées à fortes doses, c’est-à-dire plus de 20 grammes par jour, car elles pourraient vous provoquer des ballonnements, crampes, voire de la diarrhée. Elle peut également être nocive pour votre foie. D’ailleurs, il paraît que des petits malins l’auraient utilisé pour simuler la jaunisse… Les feuilles, quant à elle ne semblent pas avoir d’effets indésirables.
Concernant les allergies (je ne parle pas ici du pollen), si vous êtes sensibles aux astéracées/composées comme la salade, la pâquerette ou la camomille ou l’inuline, faites attention à vous.
Cosmétiques
Parties utilisées : Racines
Certains fabricants de savon solide utilisent comme ingrédients des infusions de chicorée, car elle serait bénéfique pour les peaux sèches ou irritées.
D’autre part, comme alternatives naturelles aux colorations chimiques et agressives pour cheveux, il est possible d’utiliser des colorations végétales. Ainsi, la chicorée est utilisée par certains laboratoires cosmétiques pour proposer une gamme de colorations naturelles tirant vers le brun.
Alimentation et soins des animaux
Chèvre : Pour soigner les troubles rénaux, vous pouvez ajouter dans la nourriture des feuilles de chicorée.
Lapin : Les lapins adorent leurs feuilles, n’hésitez pas à diversifier leurs alimentations en ajoutant quelques feuilles et branches dans leurs rations, tout comme la pimprenelle.
Oiseaux d’ornement : Vous trouverez dans le commerce des graines de chicorée, car elles permettraient grâce à sa richesse en fibres et minéraux d’apporter un équilibre intestinal et seraient efficace contres les indigestions. D’autres sites annoncent qu’elles faciliteraient la mue des canaris.
Bovins : En cas d’anémie du bœuf, il faut diversifier l’alimentation en apportant de l’avoine, de la bardane, de la bugrane, de la chicorée sauvage, du cresson officinal, de la morgeline, des mûres, des feuilles de ronce.
Porcs : Elle serait un bon fortifiant pour les porcs. Il suffit d’en ajouter à sa ration régulièrement.
Engrais vert
Certains préconisent de semer de la chicorée sauvage pour décompacter le sol. En effet, sa racine pivotante bien ancrée permet d’aérer les sols durs, plastiques ou argileux. Il est alors conseillé de la semer avec une plante au système racinaire fasciculé comme l’orge, le pois ou l’avoine.
Mellifères
Ses fleurs apportent nectar et pollen aux butineurs essentiels dans notre écosystème. Pour autant, je ne trouve pas de référence de miel de chicorée.
Ornementales
Puisqu’elle se débrouille toute seule, il est intéressant de la cultiver dans les recoins ensoleillés de votre jardin. Cependant, il ne faut pas oublier que sa racine pivotante a besoin d’un minimum de profondeur de terre pour s’épanouir. A cette condition, elle vous apportera une douce touche pastel et un aspect sauvage irrésistible.
Croyances et coutumes
Charlemagne, avec le Capitulaire de Villis, imposa sa culture dans les domaines royaux et monastères. Y aurait-il un rapport avec le fait qu’au Moyen-âge, ils étaient persuadés qu’elle était anaphrodisiaque, c’est-à-dire qu’elle coupait tout désir et ardeur sexuels ?
Culture
Plantation et Multiplication
Tps de levée : entre 5 et 15 jours.
Espacement final : 20 à 35 cm.
Associations négatives : Eviter les brassicacées, par exemple le chou.
Pique-assiette : Bien qu’ils ne soient pas réellement néfastes, il est possible que la rouille et l’oïdium puissent attaquer vos plants.
Semis
Vous sèmerez en mars ou en octobre directement en pleine terre ou sous châssis froid, à la volée ou en poquets. Un mois après la levée, il sera temps de repiquer si vous avez choisi le semis en terrine ou d’éclaircir si vous avez semé en pleine terre.
Petit + Afin de faciliter la levée, vous pouvez tremper vos graines une journée avant le semis.
Conseils
Si vous projetez de la cultiver en ornement, aucun entretien n’est requis puisqu’elle pousse facilement partout.
Lorsqu’il s’agit d’une culture potagère, il est conseillé de les protéger des gelées.
