Carte d’identité
Petits noms : Le plus connu est sans nul doute, le Coucou, mais elle porte bien d’autres sobriquets en lien avec les croyances populaires d’autres âges ou tout simplement en lien avec sa période de floraison. Citons par ordre alphabétique, Brérelle, Clé de St Pierre, Coqueluchon, Herbe à la paralysie, Herbe de St Paul, Primerolle, Primevère de printemps, Printanière ou Primevère vraie.
Étymologie : Primevère est la contraction de son nom scientifique Primula et Veris, « Primula » provient de primulus qui signifie « pour commencer » et « Veris » le printemps. Primevère signifie par conséquent la fleur pour commencer le printemps. « Officinalis » est en lien avec la médecine est signifie qu’elle était utilisée pour la préparation de remèdes.
Description :
Type de plante : La primevère est une vivace de la famille des Primulacées. En France, elle est largement présente sur le territoire métropolitain, toutefois un peu moins répandue dans l’ouest et le sud-est de la France.
Type de sol et exposition : Le coucou est une plante de mi-ombre. Cependant, dans le nord de la France, on constate qu’il se plait également en plein soleil, mais les rayons de Phebus sont beaucoup plus doux en été. Préférant les sols frais et basiques, il s’accommodera aussi des sols calcaires et légèrement argileux.
Confusions possibles : La famille des primevères compte 27 espèces en France métropolitaine et 68 sous-espèces ou hybrides sauvages dont certaines sont strictement protégées. A cela s’ajoute les variétés horticoles, bref, la famille est largement représentée.
Parmi les sauvages, on rencontre sur quasiment tout le territoire, la primevère vulgaire ou acaule (Primula vulgaris). Bien que les feuilles se ressemblent, il est facile de la différencier au moment de la floraison car les fleurs jaune pâle ont un cœur orange clair. Les pétales sont beaucoup plus grandes et ne sont pas perchées bien haut, à peine 10-15 cm. Cette primevère est protégée en Lorraine et dans le Nord-Pas-de-Calais.
Puisque de nombreuses variétés cultivées viennent enrichir la palette de couleur (blanc, lilas, pourpre, voire du brun-violet), autant la faire pousser dans son jardin plutôt que de la cueillir dans les régions où sa population est en déclin.

La primevère des bois ou primevère élevée (Primula eliator) est un mélange entre la primevère acaule et la primevère officinale. La preuve en image, ponctuée de quelques mots: grandes fleurs jaune pâle sur longues tiges.

La nature n’arrêtant pas le progrès, il faut savoir que ces deux espèces et la primevère officinale s’hybrident entre elles. On peut donc au détour d’un chemin rencontrer une surprise. Comme il existe des espèces menacées d’extinction, au moindre doute, abstenez-vous de la cueillir. Si vous avez l’âme d’un/une botaniste, je vous invite à découvrir le site Tela botanica qui vous permettra d’identifier les différentes espèces de France et d’ailleurs.
Le Coucou et les deux espèces citées ci-dessus ont les mêmes propriétés médicinales et sont toutes trois comestibles. Voyons comment en tirer le meilleur parti…
La primevère officinale et l’Homme
Récolte
Parties utilisées : Racines, feuilles et fleurs
Période de cueillette : En fonction des parties utilisées, les périodes diffèrent. Les fleurs seront récoltées selon la région de début mars à mai. Les feuilles du printemps jusqu’en début d’été et les racines, en automne ou début d’hiver.
Conservation : Les fleurs et les feuilles se consomment immédiatement après la cueillette.
Les fleurs se sèchent à l’ombre dans un local chaud et aéré, puis se conservent dans une boite hermétique à l’abri de la lumière et de l’humidité. Il est recommandé pour la phytothérapie de ne conserver que les pétales.
Les racines, une fois lavées, coupées et séchées à l’ombre ou au four se conservent environ 1 an dans une boite hermétique, à l’abri de la lumière.
Alimentation humaine
Certaines personnes sont hypersensibles à la primine, composée allergène de la primevère très présents dans les racines et les feuilles. Voir Toxiques: Drogues, Poisons et Contre-indications.
Parties utilisées : Feuilles, fleurs
Utilisation : Cru ou cuit. Les toutes jeunes feuilles sont la plupart du temps utilisées en salade. Bien qu’elles soient amères, la petite saveur anisée piquante apportera une touche originale à votre mesclun. Les feuilles plus âgées seront utilisées cuites en potage, panées ou sautées.
Les fleurs comestibles sont utilisées pour parer les plats froids ou chauds. Confites au sucre, elles décorent délicatement les desserts ou les tasses de thé et font de délicieux bonbons.
Astuce : Pendant de nombreux siècles, les feuilles étaient utilisées en potage avec quelques pommes de terre et oignon.
Sauté de boutons floraux
Faire dorer de l’ail haché dans de l’huile. Y ajouter 2-3 poignées de boutons floraux et assaisonner avec de la sauce de soja salée, un peu de sucre en poudre et, si le cœur vous en dit du piment. Bien mélanger, puis couvrir et laisser mijoter quelques minutes à feu moyen. Lorsque les boutons sont flétris, servir avec du riz.

Boisson
Certaines personnes sont hypersensibles à la primine, composée allergène de la primevère très présents dans les racines et les feuilles. Voir Toxiques: Drogues, Poisons et Contre-indications.
Parties utilisées : Fleurs et racines.
Les fleurs ont servi de tout temps à confectionner des thés, tisanes, sirops ou à aromatiser les vins et vinaigres. Les racines, en apportant une petite touche anis/girofle, sont utilisées pour aromatiser la bière.
Vin de primevère
Verser 1 litre d’eau bouillante sur 1 kg de fleurs de primevère, puis laisser macérer. Au bout de 24 heures, filtrer dans un linge et récupérer tout le jus. Ajouter 300 g de sucre. Mettre dans un récipient et laisser fermenter 2 mois. Mettre en bouteille et conserver au frais.
Au vue de la quantité de fleurs nécessaire à cette recette, je conseille de n’utiliser que les fleurs de nos jardins et laisser en paix les fleurs sauvages, qui sont en déclin dans certains endroits de France, suite aux modifications des pratiques agricoles depuis plusieurs décennies.
Bonbons de printemps
Laver délicatement 200 g de fleurs, préalablement séparées de leurs tiges. Laisser les sécher à l’air libre sur un linge. Battre pendant ce temps un blanc d’oeuf et stopper avant d’arriver en un blanc en neige épais. Plonger-y avec douceur les fleurs, puis saupoudrer avec 100 g de sucre glace. Placer le tout au réfrigérateur pendant 24 heures pour faire durcir la préparation. A conserver dans un bocal hermétique au réfrigérateur.
Douceur pour gourmand, cadeau ou simple décoration, c’est à vous de voir!

Phytothérapie
Parties utilisées : Feuilles, fleurs, racines
Usage interne et externe : Cataplasme, teinture mère, décoction, infusion, bain, huile essentielle, homéopathie.
Riche en vitamine C, saponines triterpéniques, flavonoïdes, glucosides phénoliques, tanins avec des traces d’huile essentielle.
Propriétés : Analgésique, antibactérienne, antifongique, anti-inflammatoire, anti-prurigineuse, anti-rhumatismale, antispasmodique, antitussive, calmante, diurétique, expectorant, fébrifuge, hémolytique (en externe), laxative (légèrement), sédative, sudorifique, vermifuge
Soigne : Bronchite, céphalée, colique, constipation, contusion, coqueluche, coupure, crevasse, digestion difficile, ecchymose, écorchure, douleurs musculaires, gerçure, indigestion, nervosité, piqûre, rhumatisme, rhume, toux.
Cataplasme de feuilles broyées pour soigner les ecchymoses, la goutte et les douleurs musculaires. Ce cataplasme peut être enrichi en feuilles d’absinthe, camomille, souci. Il suffit de faire bouillir dans très peu d’eau les feuilles de primevère, puis de les appliquer encore chaude sur la zone sensible.
Contre la nervosité des enfants, donner un tasse de thé de primevère le soir avant le coucher, à raison d’une pincée de fleurs par tasse de thé, additionnée d’un peu de miel.
Pour soigner les coupures, crevasses, gerçures, écorchures et piqûres d’insecte, vous pouvez réaliser un lavage ou un bain avec des compresses imbibées d’infusion de feuilles et racines de primevère et plantain. Prendre 100 g de racines pour 1 litre d’eau bouillante que vous ferez réduire d’un tiers.
En cas de digestion difficile, prendre une infusion à base d’une cuillère à café de plantes séchées par tasse d’eau bouillante infusées pendant 10 minutes à raison d’une tasse après chaque repas.
Pour soulager les migraines et maux de tête: Boire une infusion de primevère officinale à raison de 4 à 6 g de fleurs par tasse d’eau bouillante. Laisser infuser 10 mn et prendre 3 tasses par jour dont une au coucher.
Contre le rhume, laisser infuser 5 mn, 15 g de feuilles et fleurs séchées de primevère et 15 g de feuilles séchées de plantain pour 1 litre d’eau. Prendre 3 tasses par jour entre les repas.
Pour atténuer une toux chronique grasse et bronchite, vous pouvez consommer une décoction de 30 g de racine par litre d’eau bouillante. Laisser infuser 10 mn et boire 3 tasses par jour.
Il est également possible de réaliser une teinture en laissant macérer pendant 10 jours, 20 grammes de racine de primevère sèche dans 100 g d’alcool à 70°. Après filtration, prenez 20 gouttes, 3 fois par jour dans un demi-verre d’eau si vous avez des migraines, des douleurs articulaires et rhumatismales.
Petit +
Primula veris/officinalis est également utilisé en homéopathie pour lutter contre les affections rénales et les névralgies.
Les primevères acaules et élevées ont les mêmes propriétés.
« La violette et le coucou en tisane, ça enlève le tout. »
En magie blanche, elle est utilisée dans la préparation de remède contre la mélancolie.
L’ensemble des informations indiquées ci-dessus est issu de recherches bibliographiques et/ou de pratiques personnelles. Elles ne peuvent en aucun cas remplacer un avis médical. L’usage de plantes n’étant pas anodin, il est conseillé de consulter votre pharmacien ou praticien avant leurs utilisations.
Toxiques: Drogues, Poisons et Contre-indications
Il faut savoir que certaines personnes sont allergiques à la primine, composé présent dans les jeunes feuilles et les fleurs de la primevère. Cet allergène entraîne une hypersensibilité de contact au niveau de la peau, autrement dit une dermite de contact ou encore, une dermite primulaire. Les cas les moins graves présentent un rougissement de la peau se compliquant par des démangeaisons, un urticaire, un œdème local et/ou des vésicules. Cette réaction allergique peut s’étendre sur le visage, si on y dépose ses mains.
Toutefois, la majorité des cas rencontrés sont issus des primevères horticoles; les espèces sauvages seraient moins allergènes.
Il est fortement déconseillé d’en consommer :
- à forte dose pendant une grossesse,
- en cas d’allergie à l’aspirine (salycilates),
- en cas de traitement anti-coagulant en cours,
- en cas de gastrite ou ulcère gastrique.
Enfin, une consommation en grande quantité peut engendrer des diarrhées, des vomissements ou des ulcères. C’est pourquoi prenez soin de ne pas dépasser les doses prescrites.

Cosmétiques
Parties utilisées : Fleurs et racines
Usage : Les extraits de fleurs et de racines sont utilisés pour leurs propriétés hydratantes adoucissantes par les entreprises cosmétiques.
Sans débourser des milles et des cents, vous pouvez fabriquer une huile aux mêmes propriétés en laissant infuser des fleurs et/ou des racines dans un peu d’huile pendant une dizaine de jour. Faites tout de même un test avant utilisation pour vérifier que vous n’êtes pas hypersensible à la primine.

Alimentation et soins des animaux
La plante serait toxique pour les chiens et les chats. Concernant les rongeurs, certains auteurs annoncent qu’elle serait toxique à forte dose.
Cheval et âne : Rhumatisme : Donner de l’avoine, du foin, du son et mêler à la nourriture des feuilles de primevères.
Bio-indicatrices
La primevère officinale en grande quantité sur une zone est indicatrice d’un sol riche en humus, azote et dont le ph est proche de la neutralité. On dit qu’elles sont neutronitroclines.
Mellifères
La primevère est indéniablement une plante mellifère et offre un précieux nectar en tout début de saison. Elles sont donc une bénédiction pour les pollinisateurs.

Ornementales
Variétés : Les horticulteurs se sont amusés à créer de nouvelles variétés pour le plaisir des yeux. Par exemple, ‘Sunset Shades’ vous apportera dans le jardin des touches rouge cuivré en passant par le jaune doré et toutes les nuances d’orange.
Il existe également une très jolie variété ornementale appelée Primula veris ‘Katy McSparron’ à fleurs doubles.
Que ce soit en pot, jardinière ou massif, les primevères auront toujours leurs places dans les jardins et sauront éclairer de leurs couleurs vives, les recoins des jardins ombragés. Par ailleurs, elle vous rendra service en guise de bordure parmi les hostas, les narcisses et tout autres bulbes de printemps.
Primula veris ‘Katy McSparron’ – Photo de David J. Stang
Croyances et coutumes
Il paraîtrait que les taches rouge-orangé parant les fleurs de cette primevère seraient des rubis cachés par les fées. J’imagine la scène avec plaisir.
Les catholiques, la naissance des premiers coucous serait issue de la chute malencontreuse des clés dorés du ciel. Selon les versions, elles ont été ramenées généreusement par un ange, un faucon ou une alouette. Quoiqu’il en soit, depuis, chaque printemps là où sont tombés les clés, les fleurs jaunes d’or poussent et nous permettent de nous souvenir de cet événement. Par contre, les coucous se sont bien évidemment reproduits depuis et plus personne ne connait exactement l’endroit originel de la chute.
Une prédiction bretonne, cette fois, raconte que si une jeune femme cherche et trouve une primevère à 7 pétales alors elle sera à coup sûr mariée avant la fin de l’année. Bonne chance !!!
Dans le langage des fleurs, cette fleur est le symbole de la beauté, de la grâce, de l’amour et la jeunesse. D’ailleurs, elles étaient offertes autrefois à ses premiers amours.
Petit +
Au Royaume-Uni, bien avant le football et autres jeux de balle médiatisés, les adultes fabriquaient avec leurs enfants des balles avec de l’herbe, de la laine et des fleurs de coucou. Les chérubins se lançaient alors la balle en chantant des comptines.

Culture
Durée de culture : Il faut compter un an pour obtenir la première floraison.
Pique-assiette : Pas de problèmes d’insectes ou de maladies graves. Cependant, les limaces et escargots, les pucerons et les tétranyques rouges sont parfois observés. Concernant les champignons, il peut y avoir des attaques de botrite, moisissure grise, pourriture des racines, rouille, oïdium et enfin taches foliaires.
Plantation
La plantation des plantes en godet a lieu en automne à partir d’octobre et jusqu’au printemps en mai, hors période de gel et sécheresse.

Semis
Graines/gr : 1000
Tps de levée : 15 à 21 jours Prof. semis : 2 à 5 mm
Le semis commence au début d’avril jusqu’à la mi-mai. La température de la terre doit se situer entre 16 et 18°C minimum. Vous pouvez semer en pleine terre ou en pot.
En pleine terre, il faudra bien nettoyer le sol avant l’opération. Le semis à quelques mm de profondeur germera facilement si l’exposition est ensoleillée. Les jeunes pousses seront faciles à reconnaître, car leurs feuilles sont légèrement ridées et proches du sol.
En pot, vous pouvez semer en godet ou en terrine dans un terreau léger à quelques mm de profondeur. La terre devra rester constamment humide. Si vous avez semé en terrine, alors 1 mois plus tard, il faudra mettre les petites pousses vigoureuses en godets. Ces petites pousses pleines de promesse seront chouchoutées à la mi-ombre en attendant leurs mises en place définitives en septembre ou octobre.
Division
Les primevères se ressèment volontiers sans votre aide et les touffes peuvent devenir très généreuses. Il est tout à fait possible de les diviser à l’aide d’une bêche en automne ou juste après la floraison loin des périodes de gel. Il vous suffit de tourner autour de la plante, puis de sortir la plante de terre. Séparer en deux l’individu et replanter immédiatement dans l’emplacement de votre choix. Un bon arrosage est « c’est reparti » pour une généreuse floraison!

Taille
Si vous souhaitez une floraison plus étalée, il est conseillé de supprimer les fleurs fanées au fur et à mesure.
Conseils
Les primevères n’étant pas adeptes des terres riches, il est déconseillé de leurs apporter des compléments alimentaires. Elles se débrouillent très bien toutes seules, comme vous avez pu le constater. Par contre, elle ne dira pas non à un apport de compost ou de feuilles mortes pour conserver l’humidité.
Arroser en période de sécheresse. C’est un plante qui a besoin d’eau.

Bonjour,
J’ai pris connaissance de votre page sur les primula indigènes…
Justement, je cherche à savoir si nos espèces indigènes « veris-eliator-vulgaris » peuvent s’hybrider avec les ornementales ? …car parfois proche des maisons, je vois la forme de la « primula vulgaris » mais rosée ; peut-être une hybridation entre l’indigène et l’ornementale « primula obconica » ?
Merci d’avance pour l’écho.
Primulement
Bonjour,
Il me semble que les primevères des jardins ont été créées grâce à de nombreuses sélections de primevères vulgaires ou acaules (P. vulgaris).
Les horticulteurs ont donc enrichi le panel de couleurs par du rouge, bleu, orange, rose…. Par conséquent, les variétés ornementales et sauvages peuvent s’hybrider entre elles.
Les primevères acaules et veris se mélangeant également entre elles, j’imagine sans mal, que les variétés ornementales et sauvages des deux espèces différentes le feront aussi.
Toutefois, concernant Primula obconica, je suis loin d’être une experte, mais puisqu’elle est gélive, j’ai un doute sur la pérennité de l’hybride sous nos latitudes. Après quelques recherches sur internet, je n’ai pas trouvé ce mélange chez les horticulteurs. J’ai fort à penser que s’il y avait eu la possibilité (au vu du marché florissant des primevères en fin d’hiver), ce serait déjà en vente.
En espérant avoir répondu à vos attentes,
Au plaisir,
Virginie Varlet