Il a la musculature d’un haltérophile. Il est solide comme du fer. Il protège des regards indiscrets. A l’état sauvage, le charme est un arbre d’une élégance simple. Dans nos parcs et jardins, il se transforme et se plie à tous nos désirs. Il n’y a pas de doute, en continuant la lecture, vous tomberez sous son charme…

Carte d’identité

Petits noms : Charme, charme commun, charmille, faux-bouleau. Un peuplement unique de charmes est appelé charmaie. Une charmille correspond à un jeune plant ou une succession de charmes plantés et taillés pour former une allée, une haie, des palissades, des berceaux, des tonnelles de verdure.

Étymologie : L’origine celtique du nom scientifique Carpinus betulus témoigne déjà d’un intérêt certain de l’homme pour les propriétés de son bois. En effet, ces deux mots anciens (karr et penn) signifient « bois propres à faire des jougs », allusion évidente à l’usage de ce bois pour fabriquer le joug des attelages de bœufs.

Betulus fait référence à la famille des Betulacées dont il fait partie.

Description :

Type de plante : Arbre caduc pouvant atteindre l’âge respectable de 150 ans. En France, on le trouve dans les taillis, les forêts et les ripisylves (végétation bordant les milieux aquatiques). Il est moins fréquent dans les Cévennes, la région méditerranéenne et le Grand Ouest. Il s’agit d’un arbre que l’on trouve rarement seul et est souvent accompagné de chênes ou hêtres.

Type de sol et exposition : Il accepte tous les types de sols, sauf s’ils sont trop acides, salés ou gorgés d’eau toute l’année. Au niveau de la lumière, il affectionne les situations à l’ombre, mi-ombre ou lumineuse. Il a une bonne résistance au froid, à la sécheresse et apparemment, à la pollution atmosphérique.

Variétés : Il existe au moins 24 variétés de charmes, Cependant, certaines sont bien plus connues que d’autres. Dans le palmarès des cultivars les plus répandus, on trouve :

– Carpinus betulus ‘fastigiata’, le charme fastigié ou charme pyramidal. ‘Son port est conique lorsqu’il est jeune. Puis, adulte, il se parera d’une large couronne ovoïde, très compacte, pouvant atteindre 10 m de large pour 15 à 20 m de haut. Sa croissance est relativement lente.

– ‘Pendula’  ou charme pleureur a un port prostré et retombant. Il pousse lentement et atteint adulte une hauteur et largeur identique de 3 à 5 m.

– ‘Columnaris’ ou charme colonnaire à la silhouette compacte et arrondie, poussant extrêmement lentement. Adulte, il mesurera entre 5 et 8 m.

Astuce pour la reconnaître : Il existe un moyen mnémotechnique pour éviter la confusion régulière avec le hêtre, Fagus sylvatica : « le charme d’Adam est d’être à poil ». Pour faire simple, il faut comprendre que la feuille du charme possède des dents (Adam) alors que celle du hêtre (être) est poilue.

Confusion possible : Il existe un autre arbre aux caractéristiques communes : le Charme houblon, Ostryer à feuilles de charme ou encore bois-de-fer (Ostrya carpinifolia). Comme son nom l’indique, ces feuilles se ressemblent, cependant le tronc est complètement différent puisqu’il est crevassé alors que le charme est lisse.

Le Charme commun et l’Homme

 Récolte

Parties utilisées : Feuilles, bois, bourgeons, rameaux, graines et fleurs.

Conservation : Frais, teinture mère, macérât, déshydratation.

Alimentation humaine

Parties utilisées: Copeaux de bois, graines.

Utilisation :

Avec les copeaux de bois, il est possible de fumer les viandes et poissons. Le fumage apportera un gout agréable sans pour autant pouvoir se mesurer à celui du bois de hêtre.

Les graines sont comestibles, mais avouons-le, elles n’ont pas un grand intérêt. Cependant, rien n’empêche de les manger crues, cuites grillées ou bouillies, voir moulues pour les incorporer à d’autres farines. Pour les libérer de leurs bractées, il suffit de les frotter entre vos mains.

Phytothérapie

Parties utilisées: Jeunes rameaux feuillus, bourgeons, fleurs.

Usage interne et externe : Teinture mère, élixir et macérât de bourgeons (gemmothérapie).

Riche en tanins, flavonoïdes, phéophorbide A.

Propriétés : Astringent (tanins), immunosuppresseur (phéophorbide A), potentialités anticancéreuses (phéophorbide A et flavonoïdes).

Soigne : Les bourgeons ont des propriétés pour soigner lesrhino-pharyngites chroniques et les infections respiratoires. Ils augmenteraient le volume de plaquettes sanguines, aidant ainsi la régulation du système circulatoire. La plante entière, grâce à sa richesse en tanins peut soigner les diarrhées. Les préparations de fleurs de Bach à base de charme aideraient les personnes subissant le phénomène dit du « lundi matin », c’est-à-dire les personnes ayant un manque d’entrain, une fatigue mentale et nerveuse.

Petit + Le phéophorbide A contenu dans les feuilles de charme est employé comme photo-sensibilisant en photo-chimiothérapie.

L’ensemble des informations indiquées ci-dessus est issu de recherches bibliographiques et/ou de pratiques personnelles. Elles ne peuvent en aucun cas remplacer un avis médical. L’usage de plantes n’étant pas anodin, il est conseillé de consulter votre pharmacien ou praticien avant leurs utilisations.

Alimentation et soins des animaux 

Parties utilisées : Feuilles.

Selon P.-P. Dehérain, dans son article « La sécheresse en 1893 et la disette de fourrage », la France a subi un épisode exceptionnel de sécheresse entraînant une disette alimentaire. Le commerce mondial de denrées agricoles n’était pas aussi développé qu’aujourd’hui, alors les paysans, en bon père de famille, ont utilisé avec succès les ressources de la nature pour nourrir leurs animaux : les feuilles de charmes, bouleaux, érables, acacias, noisetiers, frênes…

Mellifères

Les abeilles sont observées sur les fleurs de charme d’avril à mai pour la récolte de pollen.

Couvre-sol, Engrais vert

Parties utilisées: Feuilles.

Bien que les feuilles, dites marcescentes, restent accrochées aux rameaux durant l’hiver, elles restent tout de même caduques. Une fois tombées et décomposées, elles créent un humus d’excellente réputation. On peut donc les incorporer dans le compost ou en complément du paillage dans le potager et le jardin d’ornement.

Compagnes, Répulsives et Bio-indicatrices

Le charme fait partie des arbres truffiers avec le chêne, le hêtre, le tilleul, ou encore le noisetier. C’est-à-dire qu’une symbiose est possible entre l’arbre et le champignon réputé pour fabriquer des excroissances délicieuses : les truffes.

En toutes saisons, il apportera une aide précieuse en offrant le gite et le couvert aux insectes et oiseaux utiles. Ainsi, les amateurs de jardin respectueux de la biodiversité et du vivant pourront, sans trop de difficultés, l’incorporer dans une haie champêtre.

Ornementales 

Le charme est l’un des arbres favoris des amateurs d’art topiaire. Il ne s’agit pas ici d’exceller dans la technique de la chasse à la taupe, mais de tailler et sculpter les végétaux pour former des figures géométriques, des personnages et animaux. Supportant les tailles régulières, les charmilles ont donc pris place depuis des siècles dans les jardins de luxe, tels que Versailles, Marly ou Chantilly.

Il fait partie des essences d’arbres à planter dans une haie champêtre ou bocagère. Sa faculté d’accepter la taille lui permet de s’intégrer sans grande difficulté à la réalisation de haies plessées ; la technique du plessage est particulièrement intéressante pour réaliser une clôture végétale naturelle. Cela consiste à fendre les troncs des arbustes pour les entrelacer autour de pieux. Malgré cette taille sévère, le charme se densifie en rejetant de toute part, contribuant ainsi à la création d’une haie dense, protectrice et durable.

Il est utilisé en ville comme en campagne comme arbre d’ornement et d’alignement pour sa faculté d’adaptation, sa facilité d’entretien et pour l’ombre épaisse qu’il apporte en été. Certains paysagistes l’utilisent en arbre têtard, ce qui lui permet de s’intégrer facilement dans les parcs et jardins des villes.

Le charme est une espèce prisée pour la réalisation de bonsaïs car, en plus d’être très esthétique, il pousse lentement, est vigoureux et bourgeonne en arrière. Ses couleurs automnales et son feuillage marcescent lui apportent en toutes saisons un esthétisme sans faille. Dans ce cas de figure, il préférera une exposition mi-ombre et un rempotage tous les deux ans, en début de printemps.

Photo de l'obscurité des enfants

Tinctoriales

Parties utilisées : Feuilles et écorces.

Avec environ 100 g de jeune écorce hachée et cuite pendant 1h30 dans un ½ litre d’eau, on peut créer une teinture olive, presque jaune.

Artisanat

Ce bois blanc, légèrement nacré est très dense, dure et se fend difficilement. C’est pour ses propriétés qu’il est encore utilisé pour la fabrication d’objets tels que les queues de billards, formes de chaussures, pièces de pianos, jeu de quilles et boules ou instruments de mesures. On peut également former des pièces un peu plus imposantes comme des manches d’outils, des vis de pressoirs, des dents d’engrenage, des billots et des masses…  D’un point de vue domestique, il sert à la création d’escalier, parquet et meuble. Bref, il fait partie de notre quotidien et cela depuis des millénaires puisque les Gaulois l’utilisaient déjà pour faire des charrues.

Cependant, il n’est pas utilisé pour faire de grosses pièces de construction à cause de la forme de son tronc et sa mauvaise résistance aux changements climatiques.

D’un point de vue industriel, il sert à fabriquer de la pâte à papier et des panneaux de fibre et de particules de bois.

Combustibles 

Parties utilisées : Bois.

C’est un des meilleurs bois de chauffage, car il donne beaucoup de flamme et de chaleur pour une combustion lente. Sa braise durerait plus longtemps que le chêne ou le châtaignier. Que demander de plus ?

Il était autrefois utilisé pour la fabrication de charbon, soit en tant qu’un ingrédient pour la poudre à canon, soit pour alimenter les fourneaux de verrerie.

Croyances et coutumes

S’il vous arrive dans une conversation d’employer l’expression, «se porter comme un charme » ou « aimer comme un charme », et bien sachez, que vous ne parlez pas ici de cet arbre fort et majestueux, mais, bel et bien de l’enchantement, du sortilège.

Il n’y a pas ou peu de trace écrite sur les croyances autour du charme. Cependant, je me plaie à croire qu’elles sont certainement tombées dans l’oubli, plutôt qu’inexistantes.

Culture du charme

En pleine terre ou en pot.

Durée de culture :  On considère qu’un plant est adulte lorsqu’il a environ 10 ans.

Pique-assiette : Bien que quelques insectes soient susceptibles d’attaquer les feuilles et le bois, il reste dans l’ensemble assez résistant. On peut citer la cicadelle de l’orme, la chenille du papillon Phalène hiémale (Operophtera brumata) ou le Puceron jaune du noisetier (Myzocallis coryli).

Concernant les champignons, pour éviter qu’ils se développent sur le feuillage des tout jeunes plants, il faut éviter d’arroser les feuilles. Vous pouvez pulvériser de manière préventive une bouillie bordelaise.

Des acariens, comme le Phytopte du charme (Eriophyes macrotrichus) ou l’Acarien du charme (Eotetranychus carpini) peuvent également s’installer sur les jeunes plants. Il faut à tout prix favoriser la faune auxiliaire naturelle.

Enfin, lorsqu’il est encore tout jeune, il est sensible aux frappes de rongeurs qui, s’attaquent à  leurs écorces.

Plantation

Espacement final sur la ligne : Pour une haie dense, compter entre 30 et 60 cm entre chaque plant.

Si vous êtes pressé, la plantation de sujets déjà bien formés est possible. Faites l’acquisition en pépinière de plants en racines nues que vous planterez en automne, une fois pralinés. Vous trouverez en  jardinerie des arbres en mottes ou en conteneur. Il faut cependant savoir que la reprise d’un grand sujet sera toujours plus difficile qu’un plus jeune. Quoi qu’il en soit, il faudra arroser généreusement juste après la plantation et durant les deux premières années. L’installation d’un tuteur pourrait lui être bénéfique.

Si vous avez l’autorisation du propriétaire de la forêt, vous pouvez récolter de très jeunes plants au printemps. Cependant, les chances de réussite se réduisent car le système racinaire fragile n’apprécie pas cette opération.

Semis

Graines/gr : Entre 20 et 25.

Durée germinative :  Il est préférable de semer les graines de l’année.

Temps de levée : Entre 2 et 4 mois en passant par une stratification à froid.

Prof. semis : 10 mm.

Le semis est, de toute évidence, plus long et plus contraignant que d’acheter des plants élevés par des pépiniéristes. Il nécessitera beaucoup de patience et surveillance car la stratification des graines est nécessaire.

Comment faire ? Après le trempage des graines pendant 2-3 jours dans de l’eau à température ambiante, il faudra les placer en octobre-novembre au nord sous châssis froid ou dans un frigo sur un mélange humide de tourbe et sable. Il va permettre à la graine de s’attendrir. Au printemps suivant, sélectionner les graines germées et placer les plantules en godets profonds. Ces jeunes pousses resteront à la mi-ombre jusqu’en automne. Pendant toutes ces étapes, faire en sorte de conserver le sol toujours frais. Ils seront alors transplantés en pot plus profond pour attendre la douceur du printemps où ils découvriront leurs emplacements définitifs.

Si vous souhaitez semer directement en place, il est préférable d’attendre le printemps car les graines feront le délice des mulots, écureuils et oiseaux. Ayez alors la main généreuse lors du semis car sans votre attention, vos chances d’obtenir un arbre seront minces.

Petit + : si vous semez en pot sous châssis froid, il est préférable de recouvrir vos plantations d’un grillage à mailles serrées pour éviter que des petits chapardeurs ne vous détroussent. Je parle ici des mulots, autres rongeurs et oiseaux.

Bouturage

Rapide et efficace, le bouturage au mois d’août apporte de bon résultat. La technique de l’étouffée consiste à prélever l’extrémité des rameaux sur environ 15 cm, puis de les planter par paquet de 4-5 dans un pot rempli d’un mélange de terreau, sable et tourbe. Ce pot sera protégé par une bouteille dont le bas aura été préalablement découpé. Il faut veiller à ce que le substrat reste humide et soit à l’ombre. En avril-mai de l’année suivante, on pourra les installer à leurs places définitives

Marcottage

Il existe une méthode simple pour marcotter le charme: il faut, pour commencer, choisir une branche basse au printemps et supprimer avec douceur un anneau d’écorce. Cette partie dénudée sera couchée sur le sol et couverte de terreau. Au fil des mois, des racines se développeront et il sera possible de détacher la marcotte en mars-avril de l’année suivante pour la replanter immédiatement.

Greffage

Il est possible de greffer les cultivars par incrustation ou fente sur du charme au début du printemps.

Taille

Si vous souhaitez réaliser une charmille, il faudra (seulement à partir de deux ans), les tailler début juillet et fin septembre.

Conseils 

Dans un sol pauvre, faire un apport à la plantation et en complément régulier de compost, fumier bien décomposé et de terreau de feuilles mortes.

Il est préférable de pailler les jeunes arbres afin de conserver la fraîcheur nécessaire à son bon développement.

Il faut éviter de planter un charme trop prêt de la maison car il pourrait abîmer les canalisations et les fondations.

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