C’est le moment de dompter les haies de prunelliers ou épines noires réputées infranchissables. Quel divertissement pour les oiseaux !!! Ils s’amuseront certainement en nous observant prendre tant de précautions pour cueillir les prunelles. Mais le jeu en vaut la chandelle, car remèdes et gourmandises seront au rendez-vous.
Carte d’identité
Petits noms : Épine noire, Prunier épineux, Buisson noir, Belloce, Pellocier, Beloche, Argoche, Epinette, Créquier, Mère du bois
Étymologie : Du latin Prunus signifiant prunier et Spinosa, épineux.
Description :
Type de plante : Arbuste vivace caduc jusqu’à 1600 m.
Type de sol et exposition : Il aime tous les sols, mais a une préférence pour les sols calcaires. Il est moins friand des sols tourbeux et acides. C’est un arbuste résistant aussi bien aux températures basses (-25 à -35°C) qu’à la sécheresse. Les lisières ensoleillées seront un de ses lieux de prédilection.
Confusions possibles : Possible confusion avec l’aubépine (Crataegus monogyna) cependant, la floraison de cette dernière s’éveille après le feuillage, à la différence du prunellier qui fleurit avant l’apparition des feuilles.
Le prunellier et l’Homme
Récolte
Parties utilisées : Fruits, fleurs en bouton, feuilles, bois, écorce, branches.
Période de cueillette : Fleurs en mars-avril – Fruits en automne.
Conservation : Prunelles : une semaine au réfrigérateur ou plusieurs mois au congélateur, dans l’huile, la saumure ou séchées. Récolte des fleurs en bouton au printemps à sécher à l’ombre endroit sec et aéré.
Alimentation humaine
Parties utilisées : Prunelles au léger gout de prunes mais sacrément acides et âpres quand elles sont crues. Cependant une fois cuites, elle dégage une subtile odeur de cerise et d’amande.
Utilisation : Recette salée: Prunelle façon olives dans la saumure ou au vinaigre – Recette sucrée: gelée, compote, sirop, confiture.
Astuce : Les gelées adouciront les prunelles, qui seront une fois blettes beaucoup moins astringentes. Il est possible pour s’assurer d’avoir une récolte abondante de les récolter avant les grands froids et de les placer au congélateur, où elles se conserveront plusieurs semaines.
Compote de prunelles
Dénoyauter 1 kg de prunelles, les sucrer dans 200 g de sucre en poudre et de la cannelle. Mettre le tout à mijoter à feu doux dans un demi litre de vin blanc moelleux et un grand verre d’eau ou de jus d’orange. Une fois, le liquide évaporé, mixer.
Prunelles façon Umeboshi ou façon olives
Récolter les prunelles avant les gelées. Rincer abondamment. Remplissez un pot au préalable ébouillanté avec les drupes et couvrir de saumure. La saumure est préparée en ajoutant 50 g de sel pour 1 litre d’eau. Les oublier pendant un bon mois. Les manger ainsi en salade en apéritif ou les conserver dans l’huile d’olive agrémentées des aromates de votre goût.
Confiture de prunelles et mures
Pour 1 kg de fruits, ajouter 1 kg de sucre enrichi en pectine. Mettre le tout à chauffer dans une casserole à fond épais jusqu’à atteindre la température de 105°C. Supprimer l’écume et faire le test de l’assiette froide. S’il y a des rides, alors mettre en pot préalablement ébouillanté.
Boissons
Parties utilisées : Les Prunelles sont utilisées depuis de nombreuses années pour la fabrication d’alcool, liqueur et sirop, les fleurs, quant à elles aromatisent les tisanes.
Liqueur de prunelle
Mélanger 1 kg de fruits avec les noyaux concassés et 1 litre eau de vie à 45°. Laisser macérer 2 mois en agitant toutes les semaines. Passer au tamis et extraire le jus des fruits. Faire un sirop avec 250 g de sucre et l’incorporer au jus de fruits. Mélanger le tout et attendre à nouveau un mois.
Gin de prunelles
Piquer la peau dure de 450g de prunelles avec une aiguille propre et les mettre dans un grand pot stérilisé. (Astuce: piquer plusieurs aiguilles de couture à travers la moitié d’un bouchon). Ajouter 225 g de sucre et 1 litre de gin, fermer et mélanger. Cacher à l’ombre et au frais, mais ce n’est pas une raison pour l’oublier. Il faudra secouer tous les jours pendant une semaine, puis une fois par semaine pendant minimum deux mois. Enfin, filtrer le gin de prunelle à travers une mousseline dans une bouteille stérilisée.
Plantes médicinales
Parties utilisées: Fleurs en boutons, feuilles, prunelles, jeunes rameaux (en homéopathie).
Usage interne et externe : Huile, teinture mère, décoction, homéopathie, gargarisme.
Riche en : Acides organiques, tanins et Vitamine C
Propriétés : Astringente, antispasmodique, diurétique, eupeptique (stimule la digestion), tonique
Soigne : Acné, asthme (fleurs) maux de gorge, diarrhée, mauvaise digestion, affection de la bouche (fruit), douleurs faciales dues ou non à un zona ophtalmique (homéopathie), épuisement, anémie, cure de printemps.
Inflammation des gencives et du pharynx
Bouillir un litre d’eau avec 30 g de fruits murs et une branche de thym (optionnel). Une fois réduit de 2/3, laisser refroidir, filtrer et réaliser le gargarisme.
Huile de massage pour les maux de ventre
Placer 1/3 de fleurs en bouton cueillies dans 2/3 d’huile d’olive. Mélanger tous les jours pour que les fleurs restent toujours plongées dans l’huile.
Après trois semaines, masser le ventre lorsque vous avez des troubles digestifs même pour les enfants .
Petit + : Etant donné la présence d’une substance proche de l’acide cyanhydrique dans toute la plante, respecter les doses.
L’ensemble des informations indiquées ci-dessus est issu de recherches bibliographiques et/ou de pratiques personnelles. Elles ne peuvent en aucun cas remplacer un avis médical. L’usage de plantes n’étant pas anodin, il est conseillé de consulter votre pharmacien ou praticien avant leurs utilisations.

Mellifères
Parties utilisées : Les fleurs sont très attrayantes pour les abeilles car, le nectar et le pollen très précoces dans la saison, serviront de ressources pour bâtir la colonie et non faire du stock. Le miel de prunellier est par conséquent assez rare.

Ornementales
Le prunellier est utilisé pour élaborer des haies défensives grâce à ces épines « un tantinet » blessantes. Il faut alors planter un plant par mètre pour créer une haie dense. Cependant, il peut être mis en valeur en sujet isolé dans le jardin. Il suffira de dompter les rejets et de favoriser la formation de troncs épais.
Le prunellier est utilisé comme porte-greffe pour le prunier, le pêcher et l’abricotier.
Enfin, sa capacité à drageonner et envahir un milieu ouvert lui confère une place de choix dans la consolidation des terrains en pente.
Toxiques: Drogues et Poisons
La plante est peu toxique, mais l’amande du noyau contient de l’acide cyanhydrique, autrement dit de l’acide prussique. On le reconnait au goût et à l’odeur d’amande amère caractéristique. Cependant l’amande n’est quasiment jamais ingérée car le noyau est particulièrement dur. Ce qui signifie qu’avant d’avoir des douleurs digestives ou la diarrhée, on risque davantage de se casser les dents…
Les fleurs et les feuilles contiennent également de l’acide cyanhydrique en très faible quantité. On peut donc en consommer mais, par précaution, ne pas en abuser.
Fumeurs
Les feuilles séchées de prunellier sont utilisées par certains fumeurs comme substitut de tabac.

Combustibles
C’est un bon bois de chauffage qui servait à allumer les fours dans les campagnes.
Constructions, artisanat
Le bois de prunellier est dense et sa résistance aux contraintes mécaniques et biotiques permettent la manufacture d’objets comme des cannes, des clubs de golfs, des cuillères ou de la marqueterie.
Les branches sèches servaient à créer des clayons pour les salines permettant de filtrer les impuretés de l’eau salée.
La richesse en tanin de l’écorce permettait le tannage des peaux.
Tinctoriales
On obtient un subtil rose à partir des prunelles automnales. Cette teinture est adaptée à la soie qui sera cependant fragile au lavage. Un colorant rouge était produit à partir d’une décoction d’écorce (4-5 ans) dans une solution alcaline. Elle servait à teindre la laine et le lin.
Les prunelles écrasées et cuites permettaient de colorer les vins au XVIIème siècle.
Croyances et coutumes
Le prunellier est dans le symbolisme un arbre hivernal, car sa prunelle est douce uniquement quand elle a été mordue par la gelée.
Le shillelagh, massue de bois irlandaise était traditionnellement fabriqué en prunellier. C’était une arme de duel de 90 à 120 cm associée à un art martial, le Bataireacht.
Le bois de prunellier a eu une connotation très marquée pendant de nombreux siècles, notamment en matière de magie. Les objets façonnés aurait le pouvoir de protéger des attaques psychiques. C’est pourquoi, il aurait utilisé pour la fabrication des baguettes, des cannes et bâtons de marche. Le puissant pouvoir protecteur était tellement marqué dans la culture irlandaise qu’il était fortement déconseillé de cueillir son bois pendant la pleine lune. Vous vous seriez fait sévèrement punir par les esprits Lunantisidhe qui vous aurez lacérés.
En sorcellerie, ses épines servent à piquer les effigies en cire.

Culture et Récolte
Variétés : Il existe des variétés ornementales tel que le Prunus spinosa ‘Plena’ à fleurs blanches doubles, Prunus spinosa ‘Purpurea’ à petites fleurs rosées et feuillage vert et pourpre.
Durée de culture : Première récolte possible sur les arbres de 3-4 ans.
Pique-assiette : Chenilles, pucerons, moniliose et la criblure
Semis
Tps de levée des semis : 6 mois Prof. semis : 3-4 cm
Le semis du prunellier est envisageable en automne, mais le bouturage et le marcottage donneront des résultats plus rapides. Quoiqu’il en soit, voici une méthode: Après avoir scarifier le noyau, semer en pot ou directement en place 2-3 noyaux à 2.5 cm de profondeur dans une terre meuble en automne. Veillez à ce que le sol reste légèrement humide. Mettre les pots en pleine lumière. Ne conserver que le plus beau plant après la levée.
Bouturage
Le bouturage est possible en juillet en coupant un rameau d’une vingtaine de cm et en ne conservant que les feuilles supérieures. Planter dans un pot et conserver à mi-ombre en gardant le sol constamment humide. Planter en automne ou au printemps suivant.
Division
La division des drageons est une technique facile et efficace.
Tout d’abord, qu’est-ce qu’un drageon ? C’est une pousse qui se développe à partir d’un bourgeon placé sur une racine d’une plante. Il poussera à une distance plus ou moins éloigné du pied mère. Lorsqu’on le sépare, il devient autonome et forme rapidement une nouvelle plante.
La division des drageons se réaliser au printemps ou en automne en dégageant la terre pour repérer et trancher la racine mère avec un sécateur ou un fer de bêche tranchant. Retirer la plante en récupérant le plus de radicelles (petites racines) possibles. Replanter directement en terre et arroser généreusement pour favoriser sa reprise. Par contre, si le plant vous semble chétif, mettre en pot ou en pépinière et planter définitivement l’automne ou le printemps de l’année suivante.
Marcottage
Il est possible de marcotter un prunellier à partir d’une branche basse, au printemps. Il faudra plier la branche sans la casser, enterrer une partie de la branche et laisser l’extrémité en dehors du sol. L’automne suivant, le sevrage sera possible en utilisant la même technique que le marcottage.
Conseils
Pour la plantation d’une haie défensive: planter un prunellier tous les 80 cm.
Bien que non indispensable, un apport de compost ou de fumier décomposé est possible tous les ans en fin d’hiver.
Certaines jardineries vendent des spécimens.
Supprimer les bois morts à l’intérieur de la ramure.
I
Magnifique – mercis pour les infos! Petite question: pour l’alool, vous écrivez, « mélanger 1 kg de fruits avec les noyaux concassés et 1 litre eau de vie à 45degrés »… mais, les noyaux contiennent beaucoup d’acide cyanhydrique… dès lors, est-ce vraiment une bonne idée?
Bonjour Lynn,
La question est pertinente et intéressante. Merci.
C’est au moment de l’ingestion que les composés organiques cyanogènes de l’amande se transforment en acide cyanhydrique. Cependant, ces cyanogènes sont pour la majorité détruits par la chaleur. On peut tout à fait chauffer légèrement la macération avant l’ajout du sirop ou réduire d’un quart la part de noyaux concassés.
Je vous l’avoue, je bois les alcools forts en petite quantité et un verre à la fois ;). Le risque d’intolérance ou empoisonnement est minime si l’on consomme cette boisson avec modération. Toutefois, chaque individu est différent face aux composés des plantes. Nous ne sommes pas tous égaux et la prudence reste de rigueur comme dans toute préparation « maison ».
J’espère que cette réponse vous a été utile.
A bientôt.
Virginie.