Chouette hulotte, qui es-tu ?

L’hiver est là … La nuit froide et obscure prend rapidement la place des teintes pâles du soleil. Je ferme vite les volets de la maison pour préserver la chaleur. Quand tout à coup, la chouette hulotte ou chat huant (Strix Aluco) entre en scène en hululant à faire pâlir souris, campagnols et mulots.

Ce rapace nocturne est un des plus communs de France et d’Europe. Son corps trapu (≃ 500 g) d’une quarantaine de centimètres est soutenu en vol par des ailes d’une envergure d’environ un mètre. Son plumage moucheté du gris au brun roux la rend quasiment invisible dans son milieu originel, la forêt. Toutefois, la chouette hulotte a su s’adapter à notre environnement. Vous la rencontrerez également dans les parcs, jardins et zones de cultures si elle dispose d’un arbre de préférence creux ou d’une fourche profonde pour se protéger des regards indiscrets. Car n’oubliez pas qu’elle a aussi ses prédateurs. C’est pourquoi pour se camoufler, elle a une technique assez efficace en matière de mimétisme: elle se plaque contre les troncs des arbres et lorsqu’elle se sent en danger, elle s’amincit, garde les yeux mi-clos et reste en position statique jusqu’à ce que la menace passe.

Mais la nuit venue, il en est tout autrement. C’est bien elle, le danger. A l’affut sur une branche, elle repère ses proies grâce à son ouïe très développée. Une fois, le repas repéré, elle déploie ses ailes courtes lui permettant de slalomer aisément entre les arbres, plonge et au dernier moment, ouvre ses ailes pour saisir son trophée avec ses serres acérées. D’un coup de bec, elle achève les souffrances de l’animal et repart avec la dépouille sur son perchoir pour la déguster. Elle est particulièrement silencieuse grâce à ses rémiges frangées (grande plume des ailes) qui absorbent les bruits.

En milieu ouvert, lorsqu’elle recherche les micromammifères (petits rongeurs), elle vole lentement en zigzaguant et utilise parfois le vol stationnaire. Elle ne dédaigne pas non plus, ajouter à son menu quelques insectes, chauve-souris, poissons de surface, grenouilles et passereaux.

Une fois le ventre plein, toutes les chouettes et hiboux régurgitent des pelotes qui se composent des restes non digérés comme les os, les dents, la fourrure et les plumes. Avec un peu d’expérience et un bon guide des traces, on peut déterminer l’espèce ayant régurgité ces pelotes. Toutefois, contrairement à d’autres rapaces, les pelotes de chouette hulotte sont plus difficiles à trouver car elle n’a pas de zone de chasse fixe.

Autre signe de sa présence, son chant qui lui permet de délimiter son vaste territoire. On reconnaît le hou-houou-ouououhou particulier et les ki-wik stridents caractéristiques de la chouette. Il n’est d’ailleurs pas rare de les entendre se répondre. Les chouettes hulottes entament la saison des amours en automne. C’est pourquoi, vous les entendrez particulièrement à cette période.

Puis, une nouvelle saison de chant s’étale de février à début avril, période d’accouplement. La femelle couve entre 2 et 5 œufs ronds, tout blancs. Pendant un mois, le mâle apportera assidument la nourriture à sa femelle. Un mois après, les jeunes quittent le nid et quémandent leurs diners de manière cacophonique dans les arbres alentours. Ils s’émanciperont une cinquantaine de jours plus tard.

C’est à cette période que les jeunes sont particulièrement vulnérables. Si un petit tombe au sol en forêt, les prédateurs n’en feront certainement qu’une bouchée. Dans les parcs et jardins, ce sont les chats qui font de gros dégâts. Sachez cependant que si vous voyez une chouette hulotte juvénile au sol, elle continue à être nourrie par ses parents. Par contre si elle est blessée (choc de voiture, aile brisée, attaque de prédateur….), vous pouvez contacter la ligue pour la protection des oiseaux (LPO) qui la prendra en charge dans un centre de soins adapté. Par contre, sous ses faux airs de peluche, c’est un rapace très agressif qui est capable de tuer d’autres rapaces comme des hiboux pendant la période de reproduction. Ne manipulez cet oiseau qu’avec une extrême prudence.

La chouette est une espèce protégée par la loi, il est interdit de la tuer, et tout comportement qui lui est nuisible est passible d’une amende.

Le saviez-vous ?

Parfois les étourneaux, vivant en immense groupe font des dégâts considérables sur les productions agricoles. Les fauconniers entrent alors en scène en réalisant avec la chouette hulotte des campagnes d’effarouchement. Redoutables alliées, elles empêchent les étourneaux de se poser sur les branchages après la tombée de la nuit et anticipent le départ des petits pilleurs.

Comment fait-on la différence entre chouettes et hiboux ?

Les chouettes et les hiboux sont des espèces différentes. Bien que physiquement proche, on fait facilement la différence en observant la tête de ces volatiles:

• les hiboux portent fièrement des aigrettes, petites touffes de plumes situées au-dessus de la tête,
• la chouette quant à elle, a une tête toute ronde.

Un peu d’histoires…. Un peu de folklore… un peu d’imagination.

Depuis toujours, la chouette est à l’origine de mythes, superstitions et croyances, malheureusement de mauvaise augure. En effet, au moyen-âge, les chouettes, maitresses de la nuit, étaient associées aux sorcières et aux mauvais sorts. Il n’y a pas encore si longtemps, pour protéger les maisons, le bétail et les récoltes, les chouettes étaient clouées aux portes des granges. Quand on entendait son cri, il fallait jeter du sel sur le feu (le sel, étant censé éloigner le malheur et les mauvais esprits).

Bien avant cela, les Romains considéraient que d’entendre une chouette présageait la mort d’un proche et dans le folklore arabe, la chouette hulotte était l’incarnation des esprits des défunts non vengés.

Au Pays de Galles, le hululement de la chouette annonce qu’une jeune fille vient de perdre sa virginité.

Malgré tout, la chouette n’a pas toujours été haïe. Dans les civilisations antiques, comme l’Egypte, la chouette représentait la lettre « m ». Dans la mythologie grecque, la chouette (bien qu’il s’agisse de la chouette chevêche) était l’animal sacré de la déesse Athéna et elle symbolisait la sagesse et l’intelligence.

Du côté des superstitions, il est dit que si la chouette chante, c’est signe de beau temps.

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